Seine-et-Marne: une information judiciaire ouverte après la mort en prison d'un homme écroué par erreur

Des jeunes détenus à la prison de Villepinte, le 9 avril 2019 en Seine-Saint-Denis - Philippe LOPEZ © 2019 AFP
Une information judiciaire pour homicide involontaire a été ouverte ce mardi 10 septembre afin d'éclaircir les circonstances de la mort dans une prison de Seine-et-Marne, le 17 août, d'un homme qui venait d'y être réincarcéré par erreur, a appris l'AFP ce mercredi 11 septembre auprès du parquet de Bobigny.
Deux juges d'instruction ont été co-désignés pour mener l'enquête, a indiqué le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis), précisant que la procureure générale de la cour d'appel de Paris avait décidé du dépaysement de ce dossier, du parquet de Meaux vers celui de Bobigny.
La famille "se pose des questions" sur l'intervention d'agents pénitentiaires
Assane Gueye "était détenu arbitrairement et il est mort en détention", a résumé mercredi Me Ludovic Beaufils, avocat de la famille du défunt, joint par l'AFP.
La famille "se pose beaucoup de questions" sur l'intervention d'agents de l'administration pénitentiaire dans la cellule juste avant la mort, le 17 août, au centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin (Seine-et-Marne), ajoute l'avocat.
Dans un communiqué daté du 19 août, le procureur de la République de Meaux Jean-Baptiste Bladier avait indiqué que le comportement du détenu, "caractérisé par un grand état d'excitation et des propos incohérents, outre le fait qu'il avait dégradé toute sa cellule, avait justifié l'intervention des fonctionnaires de l'administration pénitentiaire".
"J'aimerais savoir quels propos incohérents il a tenus. S'il disait 'je n'ai rien faire en prison', c'était juridiquement fondé", insiste Me Beaufils.
Le procureur a reconnu une faute "indéniable" du parquet
Le jour du délibéré, l'avocat -présent pour un autre dossier- avait vu Assane Gueye "esquisser un large sourire" quand "la présidente lui avait dit 'Monsieur, vous sortez ce soir'".
"Il n'était pas fou, Assane Gueye. Je n'imagine pas qu'il n'ait pas manifesté a minima son incompréhension du fait qu'il n'était pas remis en liberté", a appuyé son conseil
Natif des Vosges, l'ancien paysagiste, sans emploi, était diabétique et souffrait d'une pancréatique, selon Me Beaufils. "La famille -qui avait appris la mort par la presse- a été reçue le 4 septembre par le procureur de Meaux, qui lui a présenté ses condoléances et excuses, reconnaissant que la faute du parquet était indéniable", assure l'avocat.
Placé le 14 août en détention provisoire pour des faits de violences conjugales, l'homme avait été jugé deux jours plus tard en comparution immédiate, puis reconduit en cellule par erreur le 16 août, au lieu d'être remis en liberté.
Il avait été condamné à une peine de trois ans d'emprisonnement assortie d'un sursis probatoire de deux ans, sans mandat de dépôt. Cependant, le document rempli par le parquet comportait la "mention erronée" d'un "maintien en détention", avait détaillé le procureur dans son communiqué, selon lequel "c'est à la suite de cette mention inexacte" que le défunt avait été réincarcéré.