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Seine-et-Marne: à Nonville, habitants et associations opposés au forage de 10 nouveaux puits de pétrole

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Dix nouveaux puits d'hydrocarbures pourraient être creusés à Nonville par la compagnie Bridgeoil. Les habitants craignent de nouvelles nuisances et des conséquences néfastes sur l'environnement.

C'est à moins de 70 kilomètres de Paris, tout près de la forêt de Fontainebleau, que le forage de puits de pétrole sème la discorde. Au cœur de ce désacord: des habitants et associations de la petite ville de Nonville, qui s'opposent à l'extension de l'exploitation pétrolière de Bridgeoil, qui exploite déjà deux puits sur cette commune de seulement 600 habitants du sud de la Seine-et-Marne.

La compagnie souhaite en effet élargir sa plateforme, en forant dix puits supplémentaire.

"Déjà que les deux puits actuels font souffrir les habitants, ils sont inquiets de l'impact de dix puits supplémentaires", résume au micro de BFM Paris Pascal Otlinghaus, fondateur du collectif "Non aux forages".

La mairie de Paris opposée aux forages

La mairie de Paris est elle aussi opposée aux forages ces nouveaux puits. Si, selon l'Agence environnementale d'Ile-de-France, le projet ne porterait pas atteinte à l'environnement, les élus de la capitale pointent quant à eux un risque majeur de pollution de l'eau.

La concession accordée à Bridgeoil chevauche en effet zone de captage d’eau potable qui alimente la capitale. Dans le cadre de l'enquête publique menée pour ce projet de forage, la mairie de Paris a ainsi émis un avis "fermement négatif".

"Je demande à la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili de s'opposer aux travaux de forages pétroliers dans cette zone, qui alimente en eau potable environ 300.00 Parisiens et des miliers de Seine-et-Marnais", a déclaré à BFM Paris Dan Lert, président de Eau de Paris et adjoint à la mairie.

Des nuisances olfactives et sonores

Outre les risques de pollution, les habitants de Nonville dénoncent les nuisances sonores et olfactives générées par les puits déjà existants. Des nuisances qui pourraient être démultipliées par le forage de dix puits supplémentaires. Les riverains déplorent notamment les rejets d'hydrogène sulfuré générés par la plateforme, ou H2S, un gaz à l'odeur nauséabonde qui se répand dans la ville et qui, à forte dose, serait toxique pour la santé.

Outre ce problème sanitaire, les mauvaises odeurs et les bruits gênants générés par l'usine ont un impact économique pour certains habitants, comme Eric Galicia, directeur d'un centre équestre à Nonville. Au moment du forage des deux premiers puits de Bridgeoil, en 2012, il a perdu 25% de sa clientèle. La faute aux bruits et aux odeurs.

"Ils ont foré pendant deux mois pour deux puits de pétrole. Donc s'ils en font dix de plus, ça va être dix mois. Dix mois dans pouvoir travailler pour nours, ça n'est même pas la peine: c'est la fermeture obligatoire de la structure", déplore le gérant du centre équestre.

Une pétition lancée contre le projet

Du côté de Bridgeoil, on relativise les nuisances sonores qui ne seraient pas si dérangeantes. "On a entre deux et trois camions qui passent par semaine. Donc je pense que les nuisances sonores liées aux camions restent très faibles", juge Edwige Dietrich, géologue de la compagnie pétrolière.

Les nuisances olfactives seraient également à relativiser. "Nous avons fait faire des mersures en périphérie de site: l'organisme qui les a faites n'a pas eu de détection de H2S", assure-t-elle.

La mairie de Nonville a tout de même demandé à ce que l'extension de la plateforme soit plus éloignée des habitations. Une pétition a par ailleurs été lancée sur change.org par des associations, des riverains, des élus et des Parisiens pour éviter que ce projet de puits ne voie le jour.

"Le patrimoine naturel et paysager dans le périmètre est relié par le bassin versant du Lunain et composé de sites classés Natura 2000 dont la vallée du Loing, de sites classés Espaces Naturels Sensibles et de massifs forestiers protégés", fait notamment valoir la pétition, qui a déjà récolté plus de 76.000 signatures.

Alexia Elisabeth et Gabrielle Marie Lourenco avec Juliette Mitoyen