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Paris Île-de-France

RATP: un collectif dénonce des contrôles abusifs des employés en arrêt maladie

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Le syndicat FO et un collectif chapeauté par un élu syndical CGT dénoncent les "contrôles abusifs" menés contre le personnel de la RATP en arrêt-maladie. Une chauffeuse de bus traumatisée après une agression partage son expérience.

Des représentants des agents de la RATP haussent le ton. Le syndicat FO et un collectif dénoncent des "contrôles abusifs" subis par des chauffeurs en arrêt maladie.

"On leur dit 'vous allez reprendre le travail de force'"

Une centaine d'agents, s'estimant injustement soumis à ces visites de contrôle, ont intégré ce collectif chapeauté par Ahmed Berrahal, machiniste RATP élu CGT. Ce collectif "contre la répression et l'ouverture à la concurrence à la RATP" est composé d'agents RATP mais aussi d'avocates, de juristes et d'inspectrices du travail.

"Tout ça, c'est la politique de Castex (le PDG de la RATP, NDLR). Il est en train de combattre l'absentéisme au détriment de tous ces gens-là qui sont vraiment malades, qui se sont fait agresser", conteste-t-il auprès de BFM Paris Île-de-France.

On leur dit 'vous allez reprendre le travail de force' et on va les envoyer au médecin-conseil qui va leur dire sans les ausculter et sans les toucher, 'vous reprenez le boulot ou sinon, on ne vous paye plus'".

Le témoignage d'une conductrice

Carine Dicanot, conductrice de bus depuis 1995, a témoigné auprès de BFM Paris-Ile-de-France de son expérience de contrôles vécus comme traumatisants.

À l'été 2017, elle subit une agression dans le cadre de son emploi alors qu'elle prend son service en gare de Massy-Palaiseau.

"Deux hommes ont versé un liquide pendant la pause dans mon conduit de chauffage et dès lors que j'ai démarré mon bus et pris mon service, deux arrêts plus loin, je ne me suis pas sentie bien, j'ai eu le temps de mettre le frein et de m'extraire du poste de conduite. Je suis tombée à terre, paralysée, impossible de parler, impossible de bouger", se remémore-t-elle.

Placée en arrêt de travail pendant six mois, elle reprend le service en mi-temps thérapeutique mais les séquelles psychologiques sont trop importantes et elle sombre dans la dépression et l'alcoolisme.

"Très dure pour moi"

En avril 2019, son médecin généraliste la met à nouveau en arrêt de travail mais celui-ci n'est pas reconnu par le médecin-conseil de la CCAS (Caisse de Coordination aux Assurances Sociales) .

"C'était terrorisant, cette expertise médicale a été très dure pour moi. Elle n'a pas duré longtemps mais le peu de temps que je me suis entretenue avec lui a été un enfer. Il a admis que j'étais en dépression, mais que j'étais apte à reprendre mon travail malgré mon traitement", ajoute la conductrice qui a cessé d'être payée en décembre 2019.

Contactée, la RATP affirme de son côté que toutes les décisions rendues par la CCAS (Caisse de Coordination aux Assurances Sociales) interne "sont prises en toute indépendance" et précise que les médecins-conseils assurent "les mêmes missions de contrôle que ceux de la Sécurité sociale".

Chloé Berthod avec Florent Bascoul