Prix en hausse, vertus environnementales... les agriculteurs franciliens séduits par le tournesol

On les voit se multiplier le long des routes franciliennes, ces vastes étendues jaunes aux fleurs en forme de soleil, dont la hauteur peut atteindre jusqu'à quatre mètres. Preuve que le tournesol s'impose dans les cultures d'un nombre croissant de producteurs de la région et occupe à présent 8 à 9000 hectares.
La culture du tournesol a bondi de "8 à 10%" par rapport aux données de 2021, lesquelles étaient déjà plus élevées que l'année précédente, rapporte Valérie Lacroute, vice-présidente de la région Île-de-France en charge de l'agriculture et de l'alimentation, à BFM Paris Île-de-France. Cette plante a notamment su trouver sa place en Seine-et-Marne.
Pierre-Emmanuel Lavaux est installé à Barbey, village rural planté aux confins de la région et coincé entre l'Yonne et l'autoroute A5. Il y a peu, l'agriculteur a décidé de troquer certains hectares de plantations de maïs pour du tournesol. Les grandes plantes s'étalent désormais sur 25% de sa surface cultivable.
Les exportations ukrainiennes au ralenti
Une décision aux motivations essentiellement économiques. Le prix de la tonne s'est envolé entre 2020 et 2022. Il est désormais chiffré à 772 euros, contre 350 euros deux ans plus tôt. Une tendance qui devait s'inscrire dans la durée en raison de la guerre en Ukraine.
Le pays fournit habituellement deux tiers des tournesols importés en France, selon l'OGN Foodwatch. Or l'Ukraine peine actuellement à exporter ses denrées vers l'étranger en raison du blocus imposé par la Russie en mer Noire. En résulte une pénurie d'huile de tournesol dans les rayons des supermarchés et des prix en croissance.
Autre avantage: "Le maïs, il faut le sécher. Or, on est incapables de connaître les coûts de séchage sur la récolte de maïs à venir, explicite-t-il. Alors que le tournesol, d'habitude, on ne le sèche pas."
Une plante adaptée à la sécheresse
Le recours au tournesol trouve enfin des vertus sur le plan environnemental. Cette plante se produit en cycle court, réclame peu d'entretien et se veut relativement peu consommatrice en eau.
Et surtout, rappelle Pierre-Emmanuel Lavaux, "le tournesol est une plante qui s'accommode parfaitement des terres séchantes. Dans la région de Montereau, c'est intéressant parce qu'on est pas mal impactés par la sécheresse. Il y a un intérêt agronomique parce que ces cultures-là sont d'excellents précédents pour faire du blé dans de bonnes conditions".
Nul besoin non plus de recourir à des pesticides: "Il y avait plein de syrphes et de coccinelles dans mon champ, se réjouit l'agriculteur. J'ai compté sur eux, ils ont fait le travail à ma place et c'était très bien".