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"Pas de plafond dans nos toilettes": à Sevran, des profs et élèves reprennent une tendance Tiktok pour dénoncer l’insalubrité de leur lycée

Profs et élèves du lycée Blaise-Cendrars de Sevran dénoncent l'insalubrité de leur établissement sur Tiktok.

Profs et élèves du lycée Blaise-Cendrars de Sevran dénoncent l'insalubrité de leur établissement sur Tiktok. - Tiktok

Dans une vidéo vue plus d'un million de fois, des élèves et professeurs dénoncent les conditions dans lesquelles ils doivent travailler, avec des plafonds troués par endroit, pas de chauffage ou encore des escaliers moisis.

"On est à Blaise-Cendrars, évidemment qu'on n'a pas de plafond dans nos toilettes et qu'on fait pipi dans le noir." Dans une vidéo publiée ce mercredi 6 mars sur le réseau social TikTok, élèves et professeurs du lycée Blaise-Cendrars de Sevran (Seine-Saint-Denis) dénoncent l'insalubrité et le manque de moyens de leur établissement.

Reprenant une tendance sur le réseau social qui vise à dire "Je suis..." suivi d'informations évidentes pour une certaine catégorie de personnes, ils dénoncent les conditions de travail et d'enseignement dans ce lycée public.

"Je suis élève à Blaise-Cendrars, évidemment que le chauffage ne fonctionne pas", dénonce par exemple la vidéo, avant de montrer deux lycéennes attablées en salle de cours et emmitouflées dans leurs manteaux et écharpes.

Pas de plafond, des fuites, des escaliers moisis

Les élèves pointent dans la vidéo un manque de moyens en termes de maintenance et de matériel dans l'établissement: un ascenseur en panne "depuis un an", des chaises cassées, des morceaux de plafonds effondrés sous lesquels se trouvent des grands seaux pour gérer temporairement les fuites d'eau.

"Je suis élève à Blaise-Cendrars dans le 93, évidemment qu'on n'a pas de table pour faire cours", ironise la vidéo. Une autre lycéenne surenchérit: "Vous avez des chaises?" tandis que des élèves déménagent du mobilier d'une classe à l'autre.

Mais outre les problèmes logistiques, la vidéo met également en cause des conditions de sécurité et d'hygiène dangereuses pour les élèves: pas de savon ou de papier dans les toilettes, un extincteur qui ne se trouve pas là où il devrait être, et des escaliers de secours recouverts de moisissures et qui "ne portent pas du tout secours".

Des professeurs de l'établissement ont eux-mêmes participé à la vidéo, dénonçant entre autres la surpopulation dans les classes. "Je suis ancien prof au lycée Blaise-Cendrars, évidemment qu'il y a plus de 33 élèves par classe, et c'est inadmissible."

Ils pointent également du doigt le manque de remplaçants en cas d'absence de professeurs, expliquant ainsi que les élèves peuvent se retrouver des mois sans avoir cours dans une matière.

"Je suis prof de français dans le 93, évidemment que quand j'étais enceinte, mes élèves n'ont pas eu cours de français pendant six mois, l'année du bac", dénonce une enseignante.

Ils demandent plus de moyens

Moins de 24 heures après sa publication, la vidéo cumulait déjà plus d'un million de vues, et plus de 150.000 mentions "j'aime". Dans les commentaires, beaucoup d'utilisateurs s'indignent des conditions dans lesquelles élèves et professeurs doivent évoluer au quotidien.

Le compte, récemment lancé et nommé d'après le lycée qu'il représente, appelle dans les commentaires à mentionner le compte TikTok de Gabriel Attal, Premier ministre et ancien ministre de l'Éducation nationale, afin de donner de la visibilité à leurs revendications.

Le compte indique par ailleurs que les élèves et professeurs du lycée sont mobilisés depuis maintenant une semaine. "Il est temps que l'État réponde à nos demandes, et nous ne sommes pas près de nous taire".

Il y a quelques jours, les élèves avaient également participé à une manifestation devant le lycée pour demander plus de moyens de la part de l'État et dénoncer l'insalubrité de leur établissement. "Stop à la précarité, investissez dans nos lycées", clamait une pancarte. "J'ai plus de table pour écrire, mais j'ai une bouche pour le dire", déclarait une autre. Une pancarte alertait quant à elle sur le manque de remplaçants pour les enseignants: "Jé plu de proffe 2 frensé", brandissait une élève.

Depuis plusieurs jours, la question de la salubrité des établissements franciliens est régulièrement mise sur la table. À Cachan, dans le Val-de-Marne, des professeurs avaient exercé leur droit de retrait pendant près d'une semaine pour dénoncer l'insalubrité des lieux.

Laurène Rocheteau