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Paris Île-de-France

Paris: Pécresse estime pouvoir ouvrir à la concurrence les bus de la RATP "progressivement", sans modifier la loi

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La présidente de région ne veut pas retarder l'ouverture à la concurrence des bus parisiens, monopole de la RATP. Pour l'opposition, le problème est que derrière cette mise en concurrence, Île-de-France Mobilités chercherait à faire des économies.

Les députés communistes avaient retiré le 4 mai dernier leurs textes sur le report de l'ouverture à la concurrence des bus parisiens de la RATP. Le parlementaire communiste Stéphane Peu portait une proposition de loi visant initialement un report de quatre ans, à fin 2028, de la date limite pour la fin du monopole historique de la RATP.

À l'initiative du camp présidentiel, ce délai a été ramené en commission à l'Assemblée à deux ans, à fin 2026, permettant à Valérie Pécresse "une mise en œuvre progressive" mais rapide de l'ouverture à la concurrence, comme elle le souhaite.

Une application "souple et progressive"

Après ce retrait, Valérie Pécresse estime, auprès de BFM Paris Île-de-France, qu'il n'est pas nécessaire de modifier la loi actuelle pour mettre en œuvre une ouverture progressive à la concurrence des bus parisiens de la RATP.

"Je plaide, et ça ne nécessite aucun changement de la loi, pour que l'on procède sur le réseau (de bus) de la RATP exactement de la même façon que ce que nous avons fait sur la grande couronne", a-t-elle expliqué ce vendredi à l'issue de l'audition des opérateurs de bus de la grande couronne. 

"C'est-à-dire que l'on maintienne la date d'ouverture légale telle qu'elle est faite au 31 décembre 2024. Et que l'on procède tranquillement, comme pour la grande couronne avec une ouverture progressive des réseaux." Il reste encore six contrats à attribuer en grande couronne sur les 37 prévus.

"La vérité, c'est qu'on l'applique de manière souple, mais on l'a appliqué de façon souple tout seul. Personne ne nous a contesté cette application souple et progressive", note la présidente d'Île-de-France Mobilités.

Défendre l'intérêt de l'ouverture à la concurrence

Valérie Pécresse a, à nouveau, défendu l'intérêt de l'ouverture à la concurrence de tous les transports en commun francilien. Ce jeudi, Île-de-France Mobilités a indiqué que cette dernière proposera le 30 mai prochain au conseil d’administration, de désigner le franco-canadien Keolis comme futur exploitant des nouvelles lignes de métro 16 et 17.

La présidente la région Île-de-France a reconnu que les débuts n’ont pas toujours été forcément faciles mais que maintenant "les résultats sont là" et "ils sont meilleurs que ceux des anciens contrats".

Notamment avec l'amélioration de la régularité. Selon les chiffres d'Île-de-France Mobilités: il y a désormais 88% de régularité pour Transdev depuis le début de l'année contre 86% avant la délégation de service. C'est 87% pour Keolis contre 83% avant l'ouverture à la concurrence.

Et 93% pour la RATP Cap Île-de-France - hors plateau de Saclay - contre 88% en 2021. Pour la RATP au plateau de Saclay, qui a connu des débuts difficiles, Valérie Pécresse précise que la régularité est en nette amélioration depuis septembre. "On est à -3% de production" contre -10% l'an dernier après qu'Île-de-France Mobilités a fourni quatre bus supplémentaires.

"On a beaucoup appris. C'est vrai qu'au début, il y a eu des sujets sociaux liés à l'ouverture à la concurrence et c'est pour cela que l'on a lancé la mission Bailly avec un cahier des exigences sociales. Désormais, nous avons mis 15% de la note dans nos appels d'offres sur des clauses sociales. Certains opérateurs n'étaient pas très contents de cela, car ça leur a fait perdre des réseaux qu'ils exploitaient", explique Valérie Pécresse.

Les conclusions de la mission Bailly sur l'ouverture du réseau de la RATP seront rendues avant l'été sur le "chemin que nous proposons au gouvernement".

Opposition dubitative

L’opposition à gauche reste dubitative et rappelle la pénurie de personnel cumulée au changement d’opérateur qui devient insupportable à vivre pour les usagers au quotidien.

Notamment en ce qui concerne "les lignes qui desservent les collèges et lycées en grande couronne", explique l'administratrice socialiste Isabelle Beressi, alors qu'il n’y a pas d’alternative au bus.

"Le problème est que derrière la mise en concurrence, IDFM cherche à faire des économies", poursuit-elle. "Et que pour remporter les appels d’offres, les opérateurs réduisent la masse salariale, donc les salaires, pour remporter les contrats". 

Depuis la rentrée, les communistes et les groupes de gauche à la région ont lancé "Stop Galère" pour dénoncer les problèmes dans les transports en commun. Ils se sont dit à plusieurs reprises opposés à l'ouverture à la concurrence des bus de la RATP à Paris.

Nicolas Dumas et A.F