Paris: les défenseurs du patrimoine remontés contre le chantier du cinéma historique La Pagode

Classée monument historique, La Pagode, construite à la fin du 19ème siècle abrite depuis 1931 l’un des premiers cinémas de Paris avec ses deux petites salles de cinéma d’art et d’essai.
"C'était un lieu absolument magique, peut-être le plus beau cinéma de France" juge Julien Lacaze, le président de l’association "Sites & Monuments" au micro de BFM Paris.
Situé à l’angle de la rue de Babylone et de la rue Monsieur, dans le 7e arrondissement, le bâtiment à l'architecture d'inspiration japonaise est fermé depuis plus de cinq ans pour travaux. L'année dernière, l'abattage d'arbres centenaires avait scandalisé les riverains et associations.
"On avait des arbres centenaires"
"On est en train d'en faire un gros cinéma, de vouloir rajouter deux salles supplémentaires. Ce qui est terrible c'est qu'on a dû sacrifier ces jardins (...) on ne pourra plus planter d'arbres ici alors qu'on avait des arbres centenaires, un hêtre pleureur extraordinaire" se désole le président de l'association.
Des travaux qui ont aussi causé l’effondrement du mur de cet ancien jardin. Selon lui, ce chantier n'est pas conforme à ce qui doit être fait dans le cadre d'une rénovation d'un monument historique.
Il déplore également le fait que les deux nouvelles salles de cinéma vont être construites en souterrain, le jardin sera désormais sur une dalle, ce qui ne permet pas la plantation d'arbres. À la place, il y aura un jardin japonais.
"On ne peut pas faire tout et n'importe quoi et continuer dans Paris dès qu'on a une opportunité foncière à creuser pour essayer de caser le plus de m2 possible" estime le président de "Sites & Monuments".
Une lettre envoyée à la direction régionale des affaires culturelles
Si les défenseurs du patrimoine montent au créneau, la rénovation du bâtiment ne rencontre pas que des oppositions. En face de La Pagode, pour le gérant de la galerie Ciné Images, les travaux sont une aubaine. Sur la question des arbres, certains étaient selon lui malades. "Ça a été pendant 10 ans pas très bien géré, ça commençait à tomber à l'abandon" insiste Alexandre Boyer.
"Ils vont refaire un jardin japonais et l'idée c'est de faire un cinéma moderne. C'est une opportunité extraodinaire" estime encore le gérant de cette galerie.
L’association de défense du patrimoine a tout de même écrit à la direction régionale des affaires culturelles pour dénoncer ce chantier qu’elle juge non conforme. Car normalement pour détruire une partie d’un monument historique il faut une autorisation préalable.
Racheté en 2017 par le cinéphile américain Charles S. Cohen, le cinéma devrait rouvrir ses portes d’ici l’automne 2022.