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Paris Île-de-France

Paris: le préfet de police Laurent Nunez veut éradiquer le trafic de crack d'ici un an

Laurent Nunez le 15 octobre 2019 à Paris

Laurent Nunez le 15 octobre 2019 à Paris - Thomas SAMSON © 2019 AFP

Dans une interview accordée au Parisien, le nouveau préfet de police a détaillé les mesures à prendre pour lutter contre ce fléau.

Laurent Nuñez affiche ses fortes ambitions sur la question de la lutte contre le crack dans la capitale. Dans une interview accordée au Parisien ce jeudi, le nouveau préfet de police de Paris a affirmé vouloir tenir le délai d'un an donné par Gérald Darmanin pour éradiquer le trafic de crack dans la capitale, un fléau qui concerne particulièrement les habitants du nord-est parisien.

Une action sociale et sanitaire

Le préfet de police explique toutefois que l'Etat ne pourra remplir pas cet objectif seul mais qu'il devra compter sur l'aide de ses partenaires, notamment la mairie de Paris.

"L'action ne peut pas être que répressive et policière, elle doit être aussi sociale et sanitaire", souligne dans les colonnes du Parisien, Laurent Nuñez.

Et de poursuivre: "Cela implique de prendre en charge les consommateurs pour les faire entrer dans un processus de sortie du crack (...) Ce plan préparé par la préfecture de Paris, par celle d’Île-de-France et par l’agence régionale de santé a vocation à être arbitré puis discuté avec nos partenaires, comme la Ville de Paris qui doit nous aider à fournir des sites où seront pris en charge un certain nombre de consommateurs".

Le préfet refuse toutefois de se positionner sur la question des salles de shoot, désormais appelées "haltes soins addictions".

Ces dernières semaines, de nombreux riverains de la porte de la Villette, du quartier de Stalingrad mais aussi de Pantin ont dénoncé les nuisances à répétition engendrées par les trafiquants et consommateurs de crack. À Pantin, les habitants déplorent une situation qui s'est empirée en un an et a fait grandir l'insécurité.

En septembre 2021, des consommateurs de crack avaient été déplacés depuis les jardins d'Éole, vers le square de la porte de la Villette engendrant la colère des riverains de ce quartier. En juin dernier, un collectif d'habitants de la porte de la Villette avait déposé un recours en justice pour obtenir une nouvelle évacuation du campement de toxicomanes de l'est-parisien.

De son côté, Laurent Nuñez assure aujourd'hui dans Le Parisien que cet endroit "n'a pas vocation à perdurer". "Éradiquer le crack, cela veut dire qu’on ne tolère nulle part à Paris de trafic à ciel ouvert", appuie-t-il.

7600 contrôles en un mois

Le préfet de police s'est d'ailleurs rendu cette semaine dans ce square du XIXe arrondissement, situé à la bordure avec la Seine-Saint-Denis, pour assister à une opération de police.

L'ancien secrétaire d'Etat assure que les forces de l'ordre y mènent des actions régulières et soutenues. Selon ses chiffres, 7600 personnes ont été contrôlées près de la porte de la Villette depuis le 4 août et 385 individus ont été interpellés pour des motifs de ventes à la sauvette, de vols ou encore de violences volontaires.

Pour mettre fin au crack dans la capitale, le préfet de police veut se montrer ferme sur le plan de la répression en s'en prenant aussi bien aux consommateurs qu'aux revendeurs et trafiquants de crack. Il souhaite mettre l'accent sur une présence renforcée sur le terrain des agents de police afin de permettre des interventions rapides lorsque cela est nécessaire.

"On ne doit tolérer ni le trafic à ciel ouvert, ni la commission de faits délictueux de la part des usagers: mendicité agressive, prostitution, délinquance d’appropriation", souligne-t-il.

Pas d'abandon de l'Etat

Laurent Nuñez pointe également la lutte contre l'immigration irrégulière comme moyen de lutter contre le trafic de crack, rappelant qu'une partie des trafiquants sont d'origine sénégalaise.

"Dans notre mise en œuvre de politique de reconduite à la frontière, les trafiquants de crack sont notre priorité absolue".

Quelques semaines après sa prise de fonction, le préfet de police veut se montrer à la fois présent et ferme sur la question du crack alors que ces derniers mois, les riverains les plus touchés, notamment porte de la Villette, font part de leur sentiment d'être abandonnés par l'Etat. Un ressenti réfuté fermement par le préfet de police de Paris qui rappelle l'engagement de centaines d'agents à la Villette mais aussi place de Stalingrad.

Une réunion doit se tenir prochainement avec l'ensemble des parties prenantes sur la question pour évoquer les modalités du plan crack.

Gauthier Hartmann