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Crack à Paris: un collectif de riverains dépose un recours, la mairie appelle l'Etat à mettre "les bouchées doubles"

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Les consommateurs de crack des Jardins d'Eoles ont été déplacés porte de la Villette en septembre dernier. Depuis, les riverains dénoncent des nuisances et de l'insécurité.

La bataille continue pour les habitants du 19e arrondissement de Paris. Regroupés sous l’association Villette Village, des riverains ont déposé un recours en justice afin d'obtenir l'évacuation du camp de toxicomanes présent porte de la Villette depuis huit mois.

"Cela fait huit mois et douze jours que nous vivons une situation sans précédent avec un square transformé en camp de crack, à proximité immédiate des riverains et commerçants (...) Aujourd'hui, las, nous décidons donc de porter ce combat devant le juge", explique le collectif dans un communiqué diffusé le 3 juin.

Invité de BFM Paris Île-de-France mardi soir, la porte-parole de l'association Stéphanie Benoist a affirmé que cette action est "le dernier recours qui s'ouvre à nous".

"C'est une bataille sans merci depuis huit mois pour nous, mais qui est bien plus antérieure. De fait, c'est la seule voix qui s'ouvre à nous puisque les courriers, les manifestations, toutes les actions qu'on a pu mener ne mènent à rien", a-t-elle déclaré.

100.000 euros d'indemnité

Maître Gil Moser, avocat du collectif, a donc déposé un recours préalable pour obtenir l'annulation de deux arrêtés pris par le préfet de police de Paris, Didier Lallement, en septembre 2021. Il demande également 100.000 euros d'indemnité pour préjudice moral.

Un recours a aussi été adressé à la mairie de Paris, que la porte-parole de Villette Village aimerait bien "entendre un peu plus" sur la question.

"On aimerait bien les voir à nos côtés, on ne les a jamais vus. On a sollicité des rendez-vous avec eux, ils font bloc. Les seuls rendez-vous qu'on a eu ce sont avec les élus de Paris 19, Aubervilliers et Pantin", continue-t-elle.

"Une question de vie ou de mort"

Pourtant, invitée de BFM Paris Île-de-France ce mercredi, l'adjointe à la maire chargée de la santé Anne Souyris affirme soutenir cette action.

"Tout ce qui peut servir à faire bouger les choses est absolument essentiel. Huit mois, dehors, dans un état de grande déshérence, avec beaucoup de problèmes de santé, c'est extrêmement grave. C'est une question de vie ou de mort pour les uns, de tranquillité publique pour les autres", a-t-elle déclaré.

Si pour l'adjointe, "la plus mauvaise idée sur terre" est de déplacer les toxicomanes, elle affirme qu'il est essentiel de "prendre en charge les usagers de drogues" pour "permettre à tous de retrouver un contrat social dans ces quartiers et de retrouver une dignité sanitaire et sociale".

"J'ai écrit une lettre au préfet dans ce sens, pour qu'on recommence les réunions qu'on a eu autrefois assez régulièrement quand on avait fait le premier plan crack il y a quelques années. (...) Il va falloir commencer à mettre les bouchées doubles", a continué l'adjointe.

Déplacés des Jardins d'Eoles

En fin de semaine dernière, les maires d'Aubervilliers, Pantin et du 19e arrondissement de Paris ont écrit à la Première ministre Élisabeth Borne pour lui demander d'agir face à la "situation désastreuse" du square Forceval.

Le 21 septembre 2021, entre 150 et 200 toxicomanes ont été déplacés des Jardins d'Eoles (18e arrondissement) vers ce square du le nord-est de la capitale. Cette opération avait été orchestrée par la préfecture de police de Paris.

Les mairies de Paris, Pantin et Aubervilliers avaient déjà déposé un recours en justice en février dernier mais ce dernier a été rejeté par le tribunal administratif, "la condition d'urgence" n'était "pas remplie" d'après les juges.

Marine Langlois