Paris: le club de pétanque de Montmartre implore la mairie de ne pas l'expulser

Le Club Lepic Abbesses Pétanque (Clap) occupe le terrain de Montmartre depuis plus de 50 ans (illustration). - AFP
Le club de pétanque de Montmartre, débouté par le Conseil d'Etat qui le contraint à quitter son terrain public d'ici le 20 avril, a demandé jeudi à la mairie de Paris de ne pas l'expulser et de revenir sur sa décision de concéder le terrain à l'hôtel voisin.
Une cinquantaine de licenciés, pour la plupart des hommes âgés, allongés par terre pour symboliser la mort du club: après la décision judiciaire vécue comme un "coup de massue", le club a engagé une contre-attaque visuelle, avant une autre manifestation prévue dimanche.
"Nos licenciés ne souhaitent pas partir", a dit lors d'une conférence de presse Nicolas Jammes, vice-président du Club Lepic Abbesses Pétanque (CLAP), menacé d'expulsion depuis que le Conseil d'Etat a donné raison à la mairie dans un arrêt du 3 avril.
Le club aux quelque 300 licenciés, niché depuis un demi-siècle au sommet de la butte, sur un terrain emmuré à l'abri des regards, espère "que d'ici une semaine", la mairie "ait envie d'engager une vraie réflexion, un dialogue et de ne pas procéder à l'expulsion", a-t-il dit.
"Premier club féminin de France"
En juillet 2023, le Conseil de Paris, divisé, avait validé la convention qui confie pour douze ans cet espace vert protégé de près de 800 m2 à l'Hôtel Particulier voisin, qui a présenté l'offre "la mieux disante" selon la mairie, avec notamment "l'ouverture gratuite du site au public et aux écoles".
"On nous a reproché par le passé notre manque d'ouverture", a reconnu Nicolas Jammes, qui veut "montrer que le club est ouvert".
"En janvier, tous ceux qui se sont présentés ont été pris", a fait valoir le vice-président, défendant une "vraie mixité sociale" dans sa structure.
Il a aussi dénoncé, à "trois mois des Jeux olympiques", une "décision très brutale" vis-à-vis du "premier club féminin de France", selon lui, avec 90 adhérentes. "A l'heure où on parle d'inclusion féminine dans le sport, on ne comprend pas la décision de la mairie", a insisté l'une d'entre elles, Carole Guillaume.
Des élus au soutien des boulistes
Plusieurs élus, dont le sénateur EELV Yannick Jadot et le député apparenté LFI Aymeric Caron, sont venus soutenir les boulistes.
"Vous incarnez le Paris qu'on aime", a dit Yannick Jadot, dénonçant le "greenwashing" du projet retenu, visant selon lui à "marchandiser et privatiser" un espace public.
"Cette affaire n'est pas terminée", a dit Aymeric Caron, envisageant que les boulistes puissent "occuper cet endroit de manière pacifique".