Neuilly-sur-Seine: un collégien et sa famille portent plainte pour harcèlement raciste

Image d'illustration pour le harcèlement scolaire - Emmanuel DUNAND © 2019 AFP
"Sale arabe", "terroriste du Hamas": un collégien de Neuilly-sur-Seine et sa famille ont déposé plainte en mars et en mai pour harcèlement scolaire à caractère raciste, ont indiqué ce mercredi 29 mai nos confrères du Monde. Dans un communiqué transmis à BFMTV, l'académie de Versailles confirme qu'une enquête judiciaire a été ouverte, "en parallèle de la procédure disciplinaire enclenchée".
L'AFP a pu consulter la plainte la plus récente qui a été déposée contre X le 10 mai pour "harcèlement scolaire commis en raison de l'appartenance vraie ou supposée de la victime à une race ou une religion" et pour "abstention de porter secours à personne en péril".
L'élève, scolarisé en cinquième à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), y dénonce un harcèlement à caractère raciste de la part de quatre camarades de classe qui a débuté selon sa famille en septembre 2023.
Selon l'académie de Versailles, l'établissement du centre-ville cossu de Neuilly-sur-Seine est un lieu où les insultes entre les élèves pleuvent. "Les équipes éducatives et académiques condamnent les faits de harcèlement commis par plusieurs élèves, en particulier à l’encontre d’un de leurs camarades, dans une situation de violences verbales généralisées au sein d’un groupe d’élèves, sur le temps scolaire comme en-dehors", assure-t-elle auprès de BFMTV.
Ces insultes -"sale arabe", "terroriste"- ont été renouvelées après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël. Les quatre élèves mis en cause ont également "tenté de l'intimider en se rendant devant chez lui et en harcelant téléphoniquement sa mère", selon la plainte consultée par l'AFP. Selon nos confrères du Monde, les harceleurs seraient de confession juive.
Face à cette situation, la famille du collégien avait déposé une première plainte au commissariat de Neuilly-sur-Seine le 21 mars. Puis une seconde par le biais de leur avocat auprès du tribunal de Nanterre, le 10 mai. Ils avaient été contraints d'écrire directement au cabinet de la ministre de l'Éducation nationale.
Selon Le Monde, le collège a d'abord refusé de changer les élèves mis en cause de classe, avant que le rectorat de Versailles n'intervienne début avril et n'exclue temporairement les quatre garçons. Ils ont réintégré le collège dans des classes différentes, une fois passés par un conseil de discipline, écopant d'une exclusion avec sursis, relate encore le quotidien.
Des propos que l'académie tient à rectifier auprès de BFMTV: "le chef d’établissement a convoqué des conseils de discipline et au regard de la sensibilité de la situation a prononcé des mesures conservatoires qui ne sont pas des sanctions dans l’attente de ceux-ci".
Les mesures en question "permettent à l’établissement de pouvoir mener les investigations nécessaires aux conseils de discipline dans de bonnes conditions". Et d'ajouter: "Les conseils de discipline ont prononcé des exclusions avec sursis".
"Les décisions de changer de classe les quatre garçons ont été prises en concertation avec leur famille, elles ne sont pas des mesures disciplinaires, elles avaient pour vocation d’apaiser les tensions", écrit encore l'académie.
De possibles nouvelles sanctions
Compte tenu de la gravité des faits, l’établissement va bénéficier d’un accompagnement renforcé en termes de déclenchement et d’application du protocole Phare contre le harcèlement à l'école, a appris BFMTV auprès de l'académie.
"Des sanctions, des conseils de discipline se sont tenus et pourraient être programmés en fonction du résultat des investigations", précise l'académie versaillaise. Selon Le Monde, la ministre Nicole Belloubet avait assuré aux parents de la victime que "les équipes de terrain sauront prendre le temps nécessaire pour que leur fils puisse poursuivre sa scolarité".
La victime harcelée est déscolarisée jusqu'à la fin de l'année sur avis médical. Ce harcèlement "a provoqué (...) des troubles graves dont (le collégien) a encore aujourd'hui de grandes difficultés à se remettre", détaille une attestation thérapeutique datée de fin avril, que l'AFP a pu consulter.