BFMTV
Paris Île-de-France

Menaces de policiers de la Brav-M envers des manifestants: l'IGPN va "proposer des sanctions"

Des policiers de la BRAV-M interviennent lors d'une manifestation contre la réforme des retraites, le 23 mars 2023 à Paris

Des policiers de la BRAV-M interviennent lors d'une manifestation contre la réforme des retraites, le 23 mars 2023 à Paris - Thomas SAMSON © 2019 AFP

Après un enregistrement sonore où des membres de la Brav-M avaient eu des propos choquants envers des manifestants, l'IGPN va "proposer des sanctions".

L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) va "proposer des sanctions" contre les policiers de la Brav-M ayant eu des propos menaçants et humiliants envers des manifestants interpellés lors d'un cortège sauvage contre la réforme des retraites en mars, a indiqué jeudi Agnès Thibault-Lecuivre, sa directrice.

La directrice de l'IGPN "extrêmement choquée"

"Je vous confirme que nous allons proposer des sanctions au préfet de police", a déclaré sur franceinfo Agnès Thibault-Lecuivre ajoutant qu'elle était "sur le point" de remettre ses conclusions. Elle s'est dite "extrêmement choquée" par les propos des policiers, révélés dans un enregistrement sonore obtenu par Le Monde et le site Loopsider.

"Quand bien même (...) ce sont des policiers qui étaient à l'issue d'une vacation particulièrement complexe, dans un contexte de rétablissement de l'ordre tendu, ça n'autorise en rien d'avoir un comportement contraire à l'exemplarité, qui doit être attendue en toute circonstance", a-t-elle dit.

"Tu commences à bégayer! T'en re-veux peut-être une"

Fin mars, quelques jours après la révélation de cet enregistrement, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait affirmé qu'il y aurait "évidemment" des sanctions contre les policiers.

Dans la nuit du 20 au 21 mars, des membres de la Brav-M (Brigade de répression des actions violentes motorisée) avaient interpellé sept jeunes manifestants, soupçonnés d'avoir pris part à des dégradations dans un cortège sauvage dans le centre de Paris. L'un des interpellés avait alors discrètement enregistré les échanges avec les policiers.

"La prochaine fois qu'on vient, tu monteras pas dans le car pour aller au commissariat, tu vas monter dans un autre truc qu'on appelle ambulance pour aller à l'hôpital", peut-on entendre dans l'enregistrement. Deux bruits de gifles sont également audibles, avant que l'un des policiers lance: "Tu commences à bégayer! T'en re-veux peut-être une, que je te remette la mâchoire droite?"

La Brav-M plaide la fatigue

Dans des rapports à leur hiérarchie, des agents de la Brav-M intervenus le soir des faits, obtenus par l'AFP, ceux-ci ont plaidé "la fatigue physique et morale".

Un brigadier décrit ainsi "des vacations de 14 heures, voire 16 heures" durant lesquelles "nos besoins fondamentaux et vitaux n'ont pas été respectés, s'hydrater et se restaurer étaient très compliqués".

Agnès Thibault-Lecuivre a en outre indiqué que l'IGPN avait été saisie de "59 enquêtes judiciaires" depuis la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites, en janvier.

Camille Bluteau avec AFP