Lycée insalubre à Sevran: après leur vidéo virale sur TikTok, élèves et professeurs réclament "l'égalité des chances"

"Être élève dans tous les lycées du 93, c'est compliqué". Une vidéo mettant en scène des élèves et des professeurs du lycée Blaise-Cendrars de Sevran (Seine-Saint-Denis) a fait récemment le tour des réseaux sociaux, en particulier sur TikTok, où elle cumule 1,7 million de vues. Dans cette dernière, lycéens et enseignants dénoncent l'insalubrité et le manque de moyens de leur établissement en reprenant une tendance du réseau social.
Deux jours après sa publication, Noureddine Nabih El Alaoui, élève du lycée de Sevran et Guillaume Ballon, professeur de SES, tous deux présents dans la vidéo, sont revenus sur les conditions d'insalubrité ce vendredi 8 mars sur BFMTV.
Pas de chaises, pas de tables...
Noureddine, qui a également été au collège en Seine-Saint-Denis, assure être confronté à ces difficultés depuis plusieurs années.
"Que ce soit dans mon collège ou même ici, c'est très compliqué. Le fait de ne pas avoir de prof, de ne pas avoir d'endroits où étudier, de tables pour écrire, c'est très compliqué pour étudier de se retrouver dans un environnement comme cela" Noureddine Nabih El Alaoui.
L'élève de terminale pointe l'un des problèmes dénoncés depuis plusieurs années: "la surcharge d'élèves par classe".
"On se retrouve nombreux, et c'est très compliqué d'avoir des chaises et des tables. On se retrouve toujours à devoir aller chercher des chaises et des tables dans d'autres salles, du coup ça nous fait perdre du temps sur les cours", regrette-t-il au micro de BFMTV.
À ses côtés, Guillaume Ballon, professeur de SES, assure que les classes qui peuvent atteindre jusqu'à 38 personnes. Une situation qui pose un problème pédagogique pour ses enseignants.
"C'est très perturbant. Face à des classes de 35, 36, 37 ou 38, on sait que mathématiquement on va en perdre facilement une dizaine car on ne peut pas suivre pédagogiquement chaque élève, notamment les plus en difficulté", grince le professeur.
Et d'ajouter: "ça fait des conditions de travail exécrable pour nous enseignants et aussi pour les élèves qui ont plus de mal à progresser"
Dans la vidéo publiée sur Tiktok, des images montrant l'état de délabrement de l'établissement sont aussi filmées. L'ascenseur est présenté comme en panne "depuis un an", des chaises sont cassées, des morceaux de plafonds sont montrés effondrés et on trouve sous eux des grands seaux pour gérer temporairement les fuites d'eau.
Ils réclament l'égalité des chances
En quelques heures, la vidéo est devenue virale sur le réseau social chinois. "On a juste fait la vidéo au début, pour la poster et montrer les choses, mais on ne s'attendait pas à que ça buzze aussi rapidement en 24 heures", admet l'élève.
Aujourd'hui, ils réclament de pouvoir simplement étudier dans des conditions adéquates.
"Ce qu'on réclame, c'est simplement l'égalité des chances. Ce n'est pas parce qu'on vient du 93 qu'on n'a pas le droit d'avoir la même chance que tout le monde. On veut avoir la même chance que des élèves de Paris ou d'autres villes. On veut simplement pouvoir étudier et compter sur l'Etat pour le faire dans de bonnes conditions", demande Noureddine Nabih El Alaoui.
Le professeur pointe le rôle de l'Etat
Quant au professeur de SES, il pointe du doigt la responsabilité des politiques. "Le principal coupable, c'est plutôt l'Etat et le gouvernement. Le lycée fait ce qu'il peut, avec ce qu'il a", lance-t-il au micro de BFMTV.
"Le problème, c'est le manque de moyens global dans toute l'Education nationale. Particulièrement dans le 93, département le plus pauvre de France métropolitaine, où les inégalités sont plus fortes", souligne-t-il.
L'enseignant se dit notamment interpellé par une coupe budgétaire de l'Education nationale. Le gouvernement a récemment publié un décret dans lequel il détaille les 10 milliards d'euros d'économies budgétaires prévues dans un contexte de ralentissement de la croissance. Une partie concerne l'éducation.
"Quand on constate qu'il y aura une baisse de budget de 700 millions d'euros, alors que l'éducation nationale est déjà en manque de moyens, c'est vraiment alarmant", grince-t-il.
Devenus un symbole de la dénonciation, les lycéens et leurs professeurs espèrent que la parole sera libérée pour d'autres établissements.
"On milite pour revendiquer le droit à l'éducation et l'égalité des chances pour tous les élèves et on espère que ce mouvement va s'étendre dans les autres départements et académies de France", conclut Guillaume Ballon.
Une manifestation commune à tous les établissements délabrés de Seine-Saint-Denis est prévue jeudi 14 mars en début d'après-midi, a appris BFMTV auprès des professeurs du lycée de Sevran. Plusieurs cortèges convergeront vers la Direction des services départementaux de l'Education nationale à Bobigny.