Loi sécurité globale: un professeur dénonce le vote d'un député avec un dessin, l'élu porte plainte

Il a dénoncé le vote de son député en faveur de la loi "sécurité globale" en partageant sur les réseaux sociaux et en placardant dans sa ville un dessin de l'élu, accompagné de la mention "député de la honte".
François de Vergnette, professeur d'Histoire de l'art et résidant à Meudon était convoqué jeudi au commissariat. Pour cause: le député de la majorité pointé du doigt par l'enseignant, Jacques Maire, a décidé de porter plainte après la diffusion des dessins critiquant sa position sur la loi "sécurité globale".
"C'est en tant que militant des droits de l'Homme que j'ai voulu informer les Meudonnais"
Malgré cette convocation, François de Vergnette et son avocat étaient sereins jeudi, estimant, selon les mots du magistrat, que "cette plainte ne tient pas":
"Il n'y a pas d'intimidation, il n'y a pas de diffamation", assure Maître Moad Nefati, au micro de BFM Paris. Mais symboliquement, cette plainte dit quelque chose. Elle dit 'Confinez-vous, taisez-vous'. C'est quelque chose qui est difficilement acceptable pour un citoyen d'être inquiété comme ça, pour deux tweets où il reprend simplement une information: son député a voté une loi qu'il estime être honteuse", explique l'avocat.
Quand au professeur d'université inquiété, après une heure d'audition, il assure ne regretter aucunement son geste. Et il serait même prêt à recommencer.
"C'est en tant que militant des droits de l'Homme que j'ai voulu informer les Meudonnais sur cette loi assez inquiétante, explique-t-il. On a parlé de l'article 24, mais il y a aussi des polices municipales qui vont dépendre directement du maire", ajoute François de Vergnette.
"Une chasse à l'homme", selon Jacques Maire
Devant le commissariat, une trentaire de militants de gauche sont venus apporter leur soutien jeudi au professeur. Ils ne comprennent pas le geste du député des Hauts-de-Seine, qui dénonce de son côté une "chasse à l'homme".
"Nous sommes quand même dans un moment un peu particulier, où il y a beaucoup de violences. Donc je suis Charlie, je suis pour les caricatures, je ne suis pas pour la mise à l'index et je suis pas pour la chasse à l'homme", a déclaré l'élu au micro de BFM Paris.
Jacques Maire explique par ailleurs que cette plainte a été déposée pour "adresser un message de retour au calme. Mais ses opposants y voient plutôt une manoeuvre de censure.
Pour rappel, un trombinoscope "de la honte" représentant les 388 députés ayant voté en faveur de la loi "sécurtité globale", qui pénalise en partie la diffusion d'images de policiers à des fins "malveillantes", avait été affiché dans Paris le 28 novembre, à l'occasion de la manifestation contre la loi.