"Joachim ne peut pas mentir": la mère d'un homme autiste accusé à tort de piqûres sauvages témoigne

Un important dispositif policier est mis en place à Paris pour la Fête de la musique (illustration) - GEOFFROY VAN DER HASSELT
Victime collatérale d'une psychose collective? Alors qu'il profitait de la Fête de la Musique à Paris, Joachim, atteint du syndrome d'Asperger, a été désigné comme l'auteur de piqûre sauvage dans la foule. Une désignation qui lui vaudra d'être interpellé et placé en garde à vue, comme le raconte sa mère au Parisien.
"C’est un garçon très calme"
"C’est un garçon très calme et très gentil, tous ceux qui le connaissent le disent… Et il s’en sort bien tout seul", témoigne auprès de nos confrères l'écrivaine Élisabeth Motsch, la mère de Joachim.
Malgré cette gentillesse et cette autonomie, la soirée de Joachim va prendre une tournure dramatique. Vers 21 heures, une jeune femme assure avoir été victime d'une piqûre sauvage. Un phénomène visant les femmes dont une prévention massive est faite sur les réseaux sociaux depuis plusieurs jours.
Face aux dires de la jeune femme, des fêtards se mettent en tête de retrouver le piqueur. Rapidement, le profil de Joachim se démarque de la foule avec son mètre 95. "Il peut être impressionnant. Les gens le trouvent parfois étrange. C’est un garçon très intelligent mais qui est bloqué sur l’aspect interactions sociales", concède auprès du Parisien, sa mère.
Malgré l'absence de seringue, les fêtards désignent Joachim comme responsable et les policiers sont alertés. Une interpellation musclée selon Élisabeth Motsch.
"Il a été mis au sol. Pour moi, c’est de la brutalité policière. Il avait trois blessures au niveau de la cuisse, du genou et ils lui ont tordu le poignet", assure-t-elle auprès du quotidien francilien.
"C’est possible qu’ils aient eu l’impression qu’il prenait la fuite, mais il m’a assuré qu’il ne s’était pas sauvé. Et Joachim ne peut pas mentir", ajoute-t-elle.
Après son interpellation, Joachim est placé en garde à vue durant plusieurs heures. Sur place, il est incapable de répondre aux questions des policiers. "Il a été libéré le lendemain à 17 heures, et il n’a pas pu nous appeler. Je ne comprends pas pourquoi ils l’ont gardé si longtemps, c’était facile de voir qu’il était innocent", dénonce la mère de Joachim.
"Il y a un vrai problème d’acceptation"
De son côté, le parquet de Paris a décidé de classer l'affaire. "Désigné comme suspect par la clameur publique, Joachim était interpellé au milieu de la foule, comme le prévoient les textes légaux (...) la force mise en œuvre avait été strictement nécessaire, même si Joachim — inconnu des services de police — avait pu ressentir de facto une forme de violence", s'est justifié la préfecture de police de Paris, dans un communiqué adressé au Parisien.
Pour la mère de Joachim, cette soirée laissera des traces indélébiles pour son enfant. "Aujourd’hui, il a l’air d’aller mieux, il a pu reprendre le travail, mais il est resté plusieurs jours sans parler. Et même s’il ne veut plus y penser, je sais que c’est un traumatisme qui va rester", raconte-t-elle.
Pour ne pas laisser cette affaire tomber dans l'oubli, Élisabeth Motsch a écrit une lettre au préfet de police, Laurent Nunez, pour demander des explications sur les raisons de son arrestation.