JO de Paris 2024: dix ouvriers sans papiers assignent aux prud'hommes plusieurs géants du BTP

Des travailleurs sur le chantier du village olympique pour les JO de Paris 2024, à Saint-Denis, le 30 août 2022. - Emmanuel DUNAND / AFP
Dix travailleurs sans papiers assignent Vinci, Eiffage, Spie Batignolles, GCC et leurs sous-traitants devant le conseil de prud'hommes de Bobigny (Seine-Saint-Denis), révèle franceinfo ce mardi.
"La France n'est pas mieux que le Qatar"
Ces ouvriers originaires du Mali ou de République démocratique du Congo, aujourd'hui régularisés et vivant en France, dénoncent leur "exploitation". Ils soulignent également le fait d'avoir travaillé sur les chantiers des JO 2024, notamment le village olympique, sans contrat de travail, sans fiche de paie, sans congés payés ni heures supplémentaires.
"Un jour, j'avais mal au genou. J'ai demandé à mon patron si je pouvais prendre un ou deux jours de repos. Il m'a dit: 'Si tu n'es pas là lundi, tu prends tes affaires.' J'ai dû continuer à travailler malgré la souffrance. La France n'est pas mieux que le Qatar", confie Moussa, l'un des ouvriers à franceinfo.
Une audience en octobre
Vinci et Eiffage ont été sollicités par franceinfo mais n'ont pas répondu. L’entreprise GCC n’a pas voulu se prononcer. Spie-Batignolles assure tout faire pour que les travailleurs soient en règle. Elle indique enfin ne pas avoir reçu d’assignation aux prud’hommes.
"Les dossiers ont été enregistrés et la date arrêtée en concertation avec le défenseur syndical", déclare le conseil de prud'hommes de Bobigny à franceinfo. Selon le tribunal, le procès est fixé à début octobre. Ce dernier précise que les convocations ne sont pas envoyées "plus de deux, trois mois à l'avance". "Il est donc normal que ces convocations ne soient pas encore parties."
En novembre 2022, Gérald Darmanin et Olivier Dussopt avaient exprimé leur souhait de créer un titre de séjour spécifique à destination des travailleurs irréguliers exerçant dans un secteur manquant de main-d'œuvre. Les JO n'y échappent pas. Dans les 15.000 emplois mobilisés pour l'événement, certains appartiennent à des filières déjà en tension comme les métiers du bâtiment.