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"Je me bats depuis un an": la colère des habitants de Seine-et-Marne aux maisons fissurées par la sécheresse

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De nombreux habitants ont vu des fissures apparaître dans leur maison après la sécheresse de 2020. Mais les assurances, qui ne reconnaissent pas l'état de catastrophe naturelle, font traîner les dossiers.

Les premières fissures sont apparues après la sécheresse de 2020. À Lésigny, en Seine-et-Marne, une cinquantaine de personnes sont concernées par ces entailles qui balafrent leurs habitations, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur.

"On voit bien que c'est craquelé. Et vous avez au sol cette fissure catastrophique", déplore Sarah, une habitante de la commune, en montrant une cassure qui traverse toute sa cuisine.

Des expertises contradictoires

Comme beaucoup d'habitants du secteur, Sarah a constaté les premières fissures en 2020, après l'importante sécheresse qui a touché la France. Depuis, cette riveraine se bat pour que son assurance prenne en charge le coup des travaux.

Problème: un expert envoyé par cette dernière n'avait pas reconnu la catastrophe naturelle, alors même qu'une contre-expertise assurait le contraire.

"Ça m'impacte moralement, parce qu'elle n'est pas vendable, parce que j'ai travaillé pour avoir cette maison, et que je me rends compte que c'est compliqué. Je me bats depuis un an, et j'espère qu'on aura gain de cause."

Un arrêté ministériel de 2021 avait pourtant accordé ce statut à 32 communes de Seine-et-Marne pour l'été 2020, mais pas à Lésigny.

À quelques rues de là, chez Maïlys, le constat est le même. Des avis contradictoires entre un expert indépendant et celui envoyé par l'assurance empêchent d'envisager des travaux, dont la somme serait élevée.

"Ce que je sais de l'expert", déclare Maïlys au micro de BFM Paris-Île-de-France, "c'est qu'il avait budgété 130.000 euros pour consolider notre maison. Chose qui n'a pas encore été acceptée par l'assurance."

Un sol qui se rétracte avec la sécheresse

Avec une nouvelle sécheresse qui sévit depuis le début de l'année, les habitants de Lésigny craignent que la situation empire. En cas de refus d'indemnisation de la part des assurances, l'association "Les oubliés de la canicule" peut venir en aide aux sinistrés.

"On reproche un peu aux assureurs d'essayer de botter en touche sur les études de sol, parce qu'ils ont peur que cette étude de sol les conduise vers une reconnaissance de sécheresse au niveau des dossiers", explique Hélène Niktas, référente de l'association. "Dans ces cas-là, ils savent qu'ils vont devoir débourser des sommes qui sont assez substantielles."

Invité sur le plateau de BFMTV, l'architecte et expert en risques majeurs Boris Weliachew explique pourtant que la sécheresse a bien un impact sur la dégradation de ces habitations.

"Une grande partie des maisons sont situées sur des sols dits argileux. (...) Les sols sont très secs, parce qu'on a une très longue période de sécheresse. Et l'argile est un matériau qui, lorsqu'il est sec, se rétracte, et lorsqu'il est humidifié, va se dilater. Donc il y a un phénomène de rétractation, de dilatation, de rétractation, de dilatation, et ainsi de suite, qui va jouer sur les fondations des constructions, et qui va entraîner ce phénomène de fissure."

"En ce moment, les argiles se sont desséchées sur une très grande profondeur, ce qui fait qu'il y a une très forte rétractation, et il y a donc un affaissement de certaines fondations."

Un nouvel arrêté du ministère de l'Intérieur publié en juillet 2022 compte cette fois-ci Lésigny parmi les communes où est reconnu l'état de catastrophe naturelle en raison des mouvements de terrain, mais seulement pour l'année 2021.

Ella Jelidi, Thibault Pallordet avec Laurène Rocheteau