INFO BFMTV. Évry: une greffière, soupçonnée de renseigner la compagne d’un dealer présumé, interpellée

L'entrée du tribunal d'Evry, le 15 octobre 2019 - BERTRAND GUAY © 2019 AFP
C’est une affaire suffisamment rare pour être soulignée. Selon nos informations, une greffière en poste au tribunal judiciaire d’Évry (Essonne) a été interpellée, le 29 février, sur son lieu de travail par les enquêteurs de l’antenne de l’Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Versailles (Yvelines).
Cette fonctionnaire de 26 ans, affectée au sein du service du juge des libertés et de la détention (JLD) du tribunal judiciaire d’Évry, a ensuite été placée en garde à vue dans le cadre d’une enquête ouverte du chef de "révélation d’informations à des personnes impliquées dans un crime ou un délit relevant de la criminalité organisée et complicité de trafic de stupéfiants".
Conversations téléphoniques sur écoute
Cette greffière se voit reprocher d’avoir renseigné une amie de son placement sur écoute par les enquêteurs du commissariat d’Évry, alors que cette dernière est en couple avec un homme, suspecté d’être l’un des principaux organisateurs présumés d’un trafic de drogue, implanté place des Aunettes à Évry.
Les policiers de la sûreté urbaine d’Évry ont découvert que l’amie de cette greffière avait été informée d’une enquête en cours concernant son compagnon, dont les conversations téléphoniques étaient déjà interceptées dans le cadre de leurs investigations.
Lors de son audition par les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles, la greffière mise en cause a reconnu les faits, tout en précisant n’avoir "alerté que son amie" de son placement sur écoute et n’avoir jamais été en contact avec le compagnon de cette dernière. Elle a également exprimé des regrets et confié avoir agi "sans réfléchir".
"Pote greffière"
Ce trafiquant présumé, sa compagne qui a été informée par la greffière, et quatre autres suspects ont été interpellés, le 27 février, dans le cadre de l’enquête sur le trafic de drogue. En garde à vue, la compagne du dealer présumé a avoué avoir été renseignée par sa "pote greffière". Ces six suspects seront jugés selon la procédure de comparution immédiate, ce lundi 4 mars, au tribunal judiciaire d’Évry.
La greffière a été remise en liberté, en attendant son procès fixé au 28 mars, devant le tribunal judiciaire de Créteil (Val-de-Marne). Elle ne s’est pas vue interdire d’exercer.
"Les greffiers mériteraient d’être protégés et plus sensibilisés aux risques que peut impliquer leur profession, souligne Me Saïd Harir, l’avocat de la greffière. Ils constituent la pierre angulaire de l’administration judiciaire mais ne sont pas considérés à leur juste valeur et sont sous tension constante".
"Ma cliente a immédiatement avoué et regretté son erreur, poursuit Me Saïd Harir. Cela mérite le pardon. Nous devons espérer que les prochaines décisions judiciaires lui permettent de continuer à exercer sa profession".