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Paris: renversé par un employé d'ambassade en état d'ébriété, un livreur sans-papiers risque l'expulsion

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Le chauffard, qui a perdu le contrôle de son véhicule après avoir bu en mai, a brandi son immunité diplomatique pour éviter les poursuites. Sa victime, un livreur sans-papiers, est elle sous le coup d'une OQTF.

Un accident spectaculaire avec des conséquences dramatiques pour la victime a eu lieu il y a quelques semaines en plein Paris, avenue Bosquet, dans le VIIème arrondissement, comme l'ont révélé ce lundi nos confrères du Parisien. Un employé de l'ambassade de Chine a perdu le contrôle de son véhicule et a percuté un livreur sans papier à scooter au mois de mai. Blessé, ce dernier est désormais sous la menace d'une obligation de quitter le territoire (OQTF), alors que le chauffard est reparti libre, brandissant son immunité diplomatique.

"Le véhicule avec la plaque diplomatique a percuté un poteau et fait un tonneau sur le livreur et l'a écrasé", explique à BFMTV Abdel, chauffeur de taxi de 25 ans et témoin de la scène le 18 mai dernier. C'est lui qui a porté assistance au livreur.

"Quand la voiture se retourne, je mets un coup de frein à main, je m'arrête et je vais voir le livreur. Je le vois recroquevillé, sa jambe bleue au niveau du genou. Il s'est pris tout le pare-choc arrière", ajoute-t-il.

"À ce moment-là, je pensais qu'il était mort", raconte Abdel.

"Ça sentait le saké"

Le livreur est blessé grièvement, mais lui demande d'aller voir le chauffeur responsable de l'accident. "Je vais voir la personne dans l'habitacle, je lui dis de déverrouiller le véhicule, il n'y arrive pas parce qu'il était totalement bourré, (...) ça sentait le saké", témoigne Abdel.

Une fois extrait du véhicule, l'employé de l'ambassade, visiblement éméché, tente de s'enfuir.

"Je lui dis 'attends, ne t'en va pas'", raconte Abdel, qui explique que des passants l'arrêtent et appellent les pompiers et la police. "Je reste à côté de lui, je ne voulais pas qu'il parte", poursuit le chauffeur de taxi.

"Les policiers étaient vraiment dégoutés"

Six brigades de gendarmes arrivent rapidement. Abdel explique que des membres des forces de l'ordre lui ont affirmé que l'employé de l'ambassade, qui ne parlait ni français ni anglais, "ne [voulait] pas faire l'alcootest."

"Le gars décide d'appeler l'ambassade" et une de ses collègues arrive. "Ils ont dû négocier deux heures pour qu’ils acceptent le principe du test d’alcoolémie", détaille Le Parisien... quand le chauffeur souffle dans le ballon, le taux détecté est élevé, mais sans doute beaucoup plus bas qu'au moment de l'accident.

"Elle avait plus de pouvoir que six brigades de gendarmes, j'ai trouvé ça très choquant", déplore Abdel. Car l'homme n'a pas été embarqué. "Les policiers étaient vraiment dégoûtés et bien énervés par rapport à cette situation-là", déplore Abdel.

Immunité diplomatique

Parce qu'il est employé de l'ambassade de Chine, le chauffard a brandi son immunité diplomatique. Il ne sera tenu ni responsable civilement, ni poursuivi.

Auprès de BFMTV, William Moll, spécialiste en droit international, confirme qu'il n'aura jamais à répondre de ses actes devant la justice française.

"Il ne risque absolument rien. Un diplomate dispose d'une protection pénale contre toutes les poursuites en matière de code de la route", explique-t-il.

Le livreur, désormais sous le coup d'une OQTF, portait un sac Uber Eats mais "ne travaillait pas chez nous", a affirmé au Parisien le porte-parole de l'entreprise. Selon le quotidien régional, l'homme serait un Philippin âgé de 30 ans.

Ariel Guez avec Angy Louatah