Hôpital Grand Paris-Nord: les opposants demandent l'annulation du projet

Le nouveau centre hospitalo-universitaire remplacerait hôpital Bichat à Paris et celui de Beaujon à Clichy. - Fred Dufour - AFP
"La réalisation du Campus ne peut attendre", martèle l'AP-HP sur le site internet consacré au projet du campus hospitalo-universitaire Saint-Ouen Grand Paris-Nord. La justice pourrait ne pas être de cet avis. Le tribunal administratif de Montreuil examine ce jeudi un recours déposé il y a un an par des collectifs de médecins, de soignants, d'usagers et de riverains contre l'arrêté préfectoral rendu en mars 2022 autorisant les travaux.
Au coeur des débats, une bataille de chiffres. "Le sujet, c'est le manque d'ambition du projet", détaille à BFMTV.com Me François Benech, l'avocat des requérants. "Il ne répond pas aux besoins actuels, ni aux besoins à venir." De son côté, l'AP-HP plaide pour une nouvelle répartition des patients sur l'ensemble du territoire.
30% de lits en moins
Dans le projet présenté par l'AP-HP, le centre hospitalo-universitaire Saint-Ouen Grand Paris-Nord vise à remplacer, pour un coût de 1,3 milliard d'euros d'ici 2028, les actuels hôpitaux Bichat, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, et Beaujon, à Clichy dans les Hauts-de-Seine. Les deux structures vétustes étant trop coûteuses à rénover, selon l'AP-HP.
Dans un territoire, au coeur de la Seine-Saint-Denis, qui présente la plus forte croissance démographique d'Ile-de-France, avec le plus fort taux de natalité, mais aussi avec une densité de médecins généralistes la plus faible et de nombreuses carences de soins, le compte n'y est pas pour les opposants au projet.
"Le projet propose une diminution de 30% du nombre de lits, on passerait de 1400 actuellement à Bichat et Beaujon, même s'ils ne sont pas tous ouverts, à 940 lits", détaille Me Benech, qui indique se baser sur les chiffres de la DREES, la direction des statistiques du ministère de la Santé.
Le rapporteur favorable à l'annulation du projet
Contactée, l'AP-HP n'a pas donné suite. "Ce projet a également été réfléchi par l’AP-HP dans une perspective assumée de complémentarité avec les autres établissements hospitaliers du territoire", est-il écrit sur le site du projet. Lors d'une audience qui s'est tenue en mai dernier, la direction évoquait des techniques d'hospitalisation qui évoluent mais aussi une répartition des patients vers d'autres hôpitaux du secteur.
Par exemple, la maternité du nouveau centre hospitalier pourrait accueillir 2000 naissances, quand 3000 bébés voient le jour à Beaujon et Bichat. "1300 seront reportés sur le territoire, indiquait Me Juquin pour l’AP-HP, cité par Le Parisien. L'avocat évoquait l'hôpital Lariboisière à Paris, Avicenne à Saint-Denis, Limeriez, à Colombes, mais aussi à l’Hôpital Franco-Britannique de Levallois. "On parle de 45 minutes en transport en commun pour une femme enceinte", déplorait Me François Benech.
Ce jeudi, le tribunal administratif a entendu les conclusions du rapporteur public qui, selon l'AFP qui a consulté le document, s'est montré favorable à l'annulation totale du projet. Il considère qu'il y a "un défaut d'utilité publique compte tenu notamment de l'insuffisante offre de soins par rapport à l'existant et aux besoins" de l'arrêté préfectoral. La décision du tribunal devrait être rendue d'ici quelques semaines.