Fleury-Mérogis: les chefs d'œuvre des musées français s'invitent en prison

Un prisonnier participe à un atelier radio dans l'Unité des détenus violents de la prison de Fleury-Mérogis, en Essonne, le 21 juin 2023 (Illustration) - Geoffroy Van der Hasselt © 2019 AFP
Dans la salle de classe du centre scolaire de la prison de Fleury-Mérogis, Barbara Beautier, responsable en Ile-de-France des musées numériques "Micro-Folies", projette "La Joconde" sur un écran géant, devant quatre détenus.
"Qu'est-ce qui vous interpelle dans ce tableau ?", demande la jeune femme, en zoomant sur le chef d'œuvre de Léonard de Vinci. "Les yeux ?", tente timidement un premier détenu. "Elle porte un voile", remarque son voisin de droite. "Elle n'a pas de sourcils," s'exclame un troisième.
Ces prisonniers sont venus inaugurer la Micro-Folie de la maison d'arrêt essonnienne, la 500e à être lancée depuis la création du projet en 2017. Soutenu par le ministère de la Culture et coordonné par La Villette, ce dispositif propose l'accès gratuit, via des supports numériques, aux œuvres de 12 établissements nationaux, dont le musée du Louvre, le centre Pompidou, l'Opéra national de Paris, le château de Versailles ou encore le Festival d'Avignon.
Un dispositif inédit en France
Destiné en priorité aux territoires les plus isolés (quartiers prioritaires, zones rurales), il s'exporte pour la première fois en milieu carcéral en pénétrant dans Fleury-Mérogis, le plus grand centre pénitentiaire d'Europe où résident plus de 4.300 prisonniers.
Sur les quatre tablettes disposées dans la petite pièce aux murs orange, les détenus voient défiler des peintures, des sculptures ainsi qu'un court extrait de l'opéra "Le Barbier de Séville" de Rossini. Chaque contenu est accompagné de textes explicatifs et, parfois, de mini-jeux.
Pour Jérémy (les prénoms ont été modifiés), cet outil est "facile d'accès" et "donne envie" d'en apprendre d'avantage sur l'histoire de l'art.
Le jeune homme confie que les deux seuls musées qu'il ait jamais visités avant son incarcération sont le Louvre et la Cité du Train à Mulhouse.
"Je vais m'inscrire sur la liste d'attente"
"J'ai toujours été intéressé par la peinture, mais je ne me sentais pas à ma place dans un musée", raconte pour sa part Kevin.
"Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller quand j'étais à l'école mais là je vais m'inscrire sur la liste d'attente", poursuit le détenu, qui porte un intérêt particulier à l'art africain et aux tableaux de Monet.
Les ateliers de la Micro-Folie de Fleury-Mérogis seront animés par un coordinateur culturel du centre pénitentiaire, un professeur, un conférencier externe ou un bénévole de l'association "Lire, c'est vivre" qui promeut la lecture en détention.
Des modules thématiques, d'environ 1h30, seront proposés à de petits groupes de détenus -majeurs -incarcérés dans le bâtiment où le dispositif est installé.