Étudiant poignardé en 2017 à Paris : l'auteur déclaré "irresponsable"

Mardi, la cour d'appel de Paris a déclaré l'auteur des coups de couteau pénalement irresponsable. - DAMIEN MEYER / AFP
Un quadragénaire persuadé d'être "harcelé" par les "nanotechnologies" et qui avait violemment agressé un inconnu a été déclaré pénalement irresponsable mardi par la cour d'appel de Paris et hospitalisé sous contrainte, a appris l'AFP de source judiciaire.
La chambre de l'instruction a "dit qu'il existait contre l'intéressé des charges suffisantes d'avoir commis les faits concernés" mais l'a déclaré "pénalement irresponsable" et "ordonné son placement en hospitalisation sans consentement", a précisé cette source à l'AFP.
La juridiction a en outre prononcé à son encontre "une interdiction de détenir ou porter des armes pendant vingt ans", selon la même source.
Une vingtaine de coups de couteau
Le 7 décembre 2017, dans une rue du IIe arrondissement de Paris, le quadragénaire avait porté une vingtaine de coups de couteau à un étudiant de 27 ans qu'il ne connaissait pas.
Le suspect, un intérimaire vivant en colocation, avait été interpellé puis hospitalisé d'office et une information judiciaire ouverte pour tentative de meurtre.
Début 2018, un premier expert avait conclu à la simple altération du jugement au moment de l'agression, ouvrant la possibilité d'un procès. Mais par la suite, deux autres expertises collégiales ont conclu à l'abolition de son jugement, et donc à l'impossibilité de lui infliger une sanction pénale.
Lors de l'audience le 17 mai dernier devant la chambre de l'instruction, le parquet général, s'il avait bien conclu qu'il existait des "charges suffisantes" contre le mis en cause et reconnu sa dangerosité, avait conclu à l'abolition.
En "crise aiguë" au moment des faits d'après son avocat
Il avait demandé à la chambre de déclarer le quadragénaire irresponsable pénalement, avec maintien de l'hospitalisation d'office et interdiction de port d'arme.
"La cour d'assises n'est pas compétente" pour cette procédure, avait fait valoir l'avocate générale, estimant qu'il serait "aberrant d'attendre deux ou trois ans" une audience aux assises pour "conclure à l'abolition".
L'avocate de la défense, Me Garance Croizille, avait plaidé à son tour l'irresponsabilité pénale, soulignant qu'au moment du passage à l'acte, son client, traité pour des psychopathologies chroniques depuis 2008, était en "crise aiguë".
N'ayant pas eu accès à la motivation de la cour, "nous nous réservons le droit de former un pourvoi en cassation", a réagi mardi Pierre de Combles de Nayves, l'avocat de la victime. "Une audience expédiée en 45 minutes à la demande de la cour ne permet pas de comprendre la complexité d'une telle situation", a-t-il ajouté.
L'avocate du mis en cause n'a pu être jointe mardi par l'AFP.