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"Dispositif défaillant", "agents débordés": Didier Lallement tacle la maire de Paris sur le 14-Juillet

Le préfet de police de Paris Didier Lallement a adressé un courrier à la maire de Paris, Anne Hidalgo.

Le préfet de police de Paris Didier Lallement a adressé un courrier à la maire de Paris, Anne Hidalgo. - Ludovic Marin - AFP

Avant son départ de la préfecture de police prévu mercredi, Didier Lallement a adressé un courrier à la maire de Paris, Anne Hidalgo, sur sa gestion "défaillante" du 14-Juillet.

C'est une longue missive que le préfet de police, Didier Lallement, a adressé ce sameid à la maire de Paris, Anne Hidalgo.

Dans cette lettre, révélée par Le Parisien et que BFM Paris Ile-de-France a pu consulter, le préfet de police, qui doit être remplacé mercredi par Laurent Nunez, revient sur le dispositif de sécurité déployé par la municipalité lors des festivités du 14-Juillet.

Des agents qui "restent assis"

"Le dispositif mis en place par la Ville de Paris a été défaillant en plusieurs endroits", charge d'emblée Didier Lallement dans son courrier qui ajoute que ces "défaillances importantes" ont été "constatées durant toute la soirée".

Le préfet de police développe ces défaillances à savoir "des retards dans la mise en place des agents de sécurité privée". Il cite notamment le secteur de l'avenue Rapp "qui devait initialement être pris en compte à 15h et ne l'a été qu'après 17h, retardant d'autant la prise en compte de la zone d'exclusion pyrotechnique par mes services".

Didier Lallement souligne "une insuffisance numérique des agents de sécurité privée, certains restant assis dans leur véhicule sans faire respecter les zones d'exclusion (...) restant assis à même le sol après avoir fermé l'accès aux spectateurs laissés sans information".

Autre problème identifié par le préfet, "des levées anticipées des points de barrage à l'initiative des agents de sécurité privée, par exemple sur le quai Jacques-Chirac à 23h55".

Répartition des tâches

Cette année, après plusieurs réunions, différents secteurs avaient été répartis entre les services de la préfecture de police et ceux de la mairie de Paris. A la veille des festivités, la Ville avait d'ailleurs dénoncé des changements dans le dispositif avec un "désengagement" de la police nationale.

Le préfet de police rappelle que "la Ville de Paris avait la responsabilité du filtrage des spectateurs sur le Champ de Mars dans un périmètre délimité par les avenues de la Bourdonnais, de la Motte-Picquet et de Suffren et de la rue de la Fédération".

La préfecture, quant à elle, "fournissait un appui aux quatre points d'accès du public au Champs-de-Mars pour assurer la protection anti-terroriste et assurant la zone d'exclusion pyrotechnique autour du secteur du Trocadéro".

Toujours selon les propos de Didier Lallement, "ces dysfonctionnements ont eu un impact significatif sur les secteurs tenus par la préfecture de police".

"Une partie des policiers qui avaient pour mission la protection anti-terroriste ou la sécurité des spectateurs contre les actes de délinquance ont dû être employés sur des dispositifs statiques imprévus", affirme le préfet.

Didier Lallement cite plusieurs exemples où la police a dû se substituer aux agents de la ville de Paris comme la passerelle Debilly "sur laquelle des personnes étaient regroupées dans des conditions de sécurité problématiques".

Le préfet ajoute que dans le secteur du Champ de Mars à 21h30, "les effectifs de la ville ont décidé de fermer les accès en raison d'une saturation de l'espace, aucune jauge n'ayant été établie faute de mise en place des moyens de comptage préconisés par la préfecture de police".

Pour Didier Lallement, ce sont ces problèmes qui ont provoqué "l'exaspération des spectateurs" avec "l'absence de diffusion d'information par les hauts-parleurs ou panneaux à messages variables".

"Dans le secteur Tour Eiffel-Quai Jacques Chirac, au début du concert, les agents de la ville de Paris ont été débordés par le public (...) obligeant les effectifs de la préfecture de police à se rendre sur place pour sécuriser la zone."

Autre exemple donné par le préfet, "dans le secteur du Stade Emile-Anthoine, zone en principe interdite au public tenus par la Ville, à 23h20, des retombées de résidus d'engins pyrotechniques déviés par le vent ont légèrement touché plusieurs personnes". Là aussi, selon Didier Lallement, ce sont "[ses] services" qui ont été chargé de se rendre sur place pour gérer "un mouvement de foule".

Didier Lallement ajoute que "le dispositif de la préfecture de police a permis le maintien de l'étanchéité du périmètre pyrotechnique et l'adaptation permanente permettant de garantir la sécurité des personnes venues assister au spectacle".

Si Didier Lallement n'aura pas à gérer avec la maire de Paris la tenue des Jeux olympiques en 2024, il demande de "larges améliorations".

"Force est de constater que la Ville de Paris n'a pas été en capacité de mettre en œuvre le dispositif de sécurité validé lors des réunions préparatoires avec la préfecture de police. Ces défaillances témoignent à l'évidence d'une insuffisante culture d'organisation et de sécurité de la ville de Paris", tacle une dernière fois le préfet avant son départ.

Constance Bostoen et Amaury Tremblay