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Périmètre de sécurité du 14-Juillet: que reproche la mairie de Paris à la préfecture de police?

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La municipalité reproche à la préfecture de police d'avoir modifié au dernier moment un dispositif de sécurité mis en place depuis plusieurs années. Un désaccord révélateur des tensions qui existaient déjà entre les deux institutions.

Les tensions se sont accentuées entre la mairie de Paris et la préfecture de police mercredi, à la veille de la fête nationale. En cause: le dispositif de sécurité autour du Champ-de-Mars, à l'occasion du traditionnel feu d'artifice qui doit avoir lieu à la tour Eiffel ce jeudi soir. Mais que reproche exactement la mairie de Paris à la préfecture de police?

Une "mauvaise décision" de la préfecture

La municipalité a dénoncé la "mauvaise décision" de la préfecture de police, qui a choisi de désengager la police nationale du périmètre de sécurité du Champ-de-Mars. Un choix dont la mairie assure n'avoir été informée que mercredi soir, soit la veille de la fête nationale.

Invité mercredi soir sur BFM Paris Île-de-France, le premier adjoint à la mairie de Paris Emmanuel Grégoire, évoque une décision "incompréhensible" et rappelle que la mairie et la préfecture de police avaient jusqu'ici "l'habitude depuis plusieurs années d'un dispositif robuste qui a fait ses preuves".

Concrètement, pour accéder au Champ-de-Mars et au plus près du feu d'artifice, des points de filtration sont organisés sur quatre portes d'entrée. Mais selon la mairie de Paris, la préfecture de police a décidé de ne pas mettre de moyens policiers à ces points de filtrage, qui doivent donc être assumés par la ville.

"Nous trouvons qu'il y a beaucoup d'indélicatesse et même d'amateurisme de la préfecture de police et peut-être plus singulièrement du préfet de police de changer un dispositif qui a été éprouvé année après année", insiste Emmanuel Grégoire.

L'élu mentionne le "fiasco" de l'organisation de la sécurité au Stade de France lors de la finale de la Ligue des Champions en mai dernier, et reproche au préfet de police de mettre en danger la sécurité des Français lors de cet événement majeur qui doit rassembler 70.000 personnes au Champ-de-Mars. "On ne joue pas avec la sécurité des Français", appuie encore Emmanuel Grégoire.

De son côté, la maire de Paris Anne Hidalgo a même adressé une lettre au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, demandant l'aide de l'Etat pour "la mise en sécurité de la Fête nationale" qui "devrait être exemplaire à tous points de vue."

La préfecture assure qu'elle "ne se désengage pas"

La préfecture de police n'a pas tardé à répondre à Emmanuel Grégoire, affirmant sur son compte Twitter qu'elle "ne se désengage pas" et qu'elle "assume pleinement ses missions d'anti-terrorisme et d'anti-délinquance avec 1500 policiers et gendarmes mobilisés autour du feu d'artifice organisé par la ville de Paris."

Elle précise également n'avoir "jamais déployé autant d'effectifs sur cette mission dans le cadre de la sécurisation de cet événement". Elle estime toutefois que la sécurisation du Champ-de-Mars, en particulier les accès effectués à quatre points de filtrage différents, relève des fonctions de la municipalité, et non de la préfecture.

Une opinion partagée par l'élue d'opposition Rachida Dati, qui déclare ce jeudi sur Twitter que "chacun doit assumer ses responsabilités", saluant les "efforts sans précédent" du préfet de police Didier Lallement.

De son côté, la ville de Paris a bien des agents mobilisés dans le périmètre du Champ-de-Mars, notamment 250 agents de sécurité privée et de la police municipale. Des effectifs que la mairie pourrait devoir renforcer d'ici ce soir, si une solution n'est pas trouvée.

Sur Twitter, la préfecture de police a toutefois assurer venir "en appui des agents de la ville chargés des filtrages des spectateurs sur le Champ-de-Mars pour empêcher toute intrusion malveillante ou à caractère terroriste", sans toutefois donner plus de précisions sur la nature de cet appui.

Un message commenté par Emmanuel Grégoire qui prend "acte" de ce dispositif, expliquant qu'il s'agissait "exactement" de la demande de la mairie de Paris.

Des tensions qui perdurent

Ces tensions autour du périmètre de sécurité du 14-Juillet illustrent bien les relations houleuses qu'entretiennent la mairie de Paris et la préfecture de police et ce depuis de nombreux mois.

Depuis l'arrivée du préfet de police Didier Lallement en 2019, de nombreux sujets ont été source de discorde avec Anne Hidalgo, notamment autour de la place de la voiture dans la capitale, le sujet du crack dans le nord-est parisien ou encore le projet de réaménagement autour de la tour Eiffel.

Sur BFM Paris Île-de-France, le premier adjoint à la mairie Emmanuel Grégoire a évoqué "une forme de vengeance" de la part du préfet de police. Il estime que la décision de la préfecture sur l'organisation du dispositif du 14-Juillet démontre "beaucoup d'indélicatesse" et relève d'un "péché d'orgueil".

Valentin Carpentier et Laurène Rocheteau