Crack à Paris: l'ouverture de nouvelles salles de consommation validée

Changement de dénomination pour les "salles de consommation à moindre risque" (SCMR): il faudra désormais les qualifier de "haltes soins addictions" (HSA).
Ces structures permettant la prise en charge des toxicomanes, ouvertes en 2016 à Paris et Strasbourg, ont vu leur durée d'expérimentation prolongée de trois ans. D'autres vont également pouvoir ouvrir leurs portes. C'est ce qu'indique l'arrêté publié mercredi au Journal officiel.
"Les résultats finaux de l'évaluation des deux salles existantes, restitués aux pouvoirs publics en mai 2021, sont en ligne avec les expériences étrangères et mettent en évidence des effets positifs sur la santé des personnes concernées¸ un rapport coût-efficacité acceptable pour la société ainsi qu'une absence de détérioration de la tranquillité publique", est-il souligné dans le texte.
Et poursuit: "L'expérimentation d'une "halte 'soins addictions'" (HSA), qui est un espace de réduction des risques par usage supervisé et d'accès aux soins, répond à la politique de réduction des risques et des dommages pour les usagers de drogues".
"Une bonne nouvelle", "un espoir"
Le cabinet du ministre de la Santé, Olivier Véran, avait, en juin dernier déjà, jugé "positif" le bilan des deux structures de ce genre testées à Paris et Strasbourg et avait expliqué vouloir "pérenniser" dans le droit commun ces dispositifs.
Anne Souyris, adjointe à la mairie de Paris chargée des questions de santé, a immédiatement salué la parution du texte.
"Aujourd’hui une bonne nouvelle: les haltes soins addictions ont vu leur décret d’application publié, a-t-elle fait valoir sur Twitter. Un espoir: que l’État se mobilise vite pour en créer. C’est une urgence pour les usagers de drogues comme pour les habitants."
Jean Castex favorable à l'ouverture de salles de soins
La mairie plaide depuis plusieurs mois pour l'ouverture de nouvelles salles de soins à destination des consommateurs de stupéfiants, et plus particulièrement des consommateurs de crack. Une problématique qui gangrène le nord-est parisien et à laquelle la mairie de Paris souhaite apporter une réponse sur le volet de la santé publique.
"Il est grand temps d'ouvrir les lieux supplémentaires de prise en charge qui permettront de sortir ces personnes de la rue et de leur dépendance", avait exhorté Anne Hidalgo fin août, appelant particulièrement à la création de quatre nouveaux établissements dans la capitale -plus d'autres à l'échelle du Grand Paris- et à un élargissement des horaires d'accès.
Mi-septembre, Jean Castex avait répondu favorablement à ce projet. "La création de nouveaux lieux dédiés à l'accueil et au repos sera soutenue par les services de l'État" sous réserve d'une offre et d'une localisation adaptées, avait écrit le Premier ministre dans un courrier consulté par l'Agence France-Presse.
"Offrir des lieux de repos"
Le chef du gouvernement mettait en exergue sa volonté d'"offrir aux consommateurs des lieux de repos et un parcours de sevrage de qualité". Si Jean Castex avait donné son accord pour la création de lieux d'accueil, le Premier ministre n'avait pas évoqué explicitement l'aménagement de nouvelles salles de consommation à moindre risque -surnommées "salles de shoot.
Le décret publié mercredi précise que les nouvelles structures pourront bel et bien mettre "à disposition des postes de consommations adaptés et permettant un usage supervisé" ainsi que du "matériel stérile et/ou à usage unique et personnel adapté aux consommations des usagers".
Si l'on ignore pour l'heure où seront implantées les "haltes soins addictions", divers élus, à droite principalement, et de nombreux riverains sont vent debout contre l'ouverture de tels établissements.
Bientôt une "phase 2" du plan crack
Leur création constitue une étape majeure dans l'avancée la "phase 2" du plan de lutte contre le crack, selon les termes prononcés par Emmanuel Grégoire, premier d'adjoint d'Anne Hidalgo, au micro de BFM Paris en décembre.
La première étape du plan, établi en 2019 par la mairie de Paris et l'État, prévoyait dans les grandes lignes d'"accompagner les usagers", de renforcer les places d'hébergement et de créer un groupe d'enquêteurs. Il était chiffré à neuf millions d'euros.
Au final, 25 millions d'euros ont été dépensés entre 2019 et 2021, selon la Cour des comptes, qui fustige des résultats "inégaux" et appelle à "des efforts supplémentaires". La municipalité se défend et met en avant l'arrivée de la pandémie de Covid-19 comme élément perturbateur du bon déroulé du plan. La mairie de Paris a par ailleurs à plusieurs reprises dénoncé "l'inaction de l'Etat" et mis en cause la responsabilité de Gérald Darmanin sur le blocage de la situation. Début février, Anne Hidalgo avait annoncé saisir la justice.