Crack à Paris: de nouvelles mesures annoncées, les riverains déplorent l'absence de calendrier

La situation dure désormais depuis plus de quatre mois. Le secteur de la Porte de la Villette, est l’épicentre du trafic et de la consommation de crack en Île-de-France. Des dizaines de toxicomanes s’y regroupent quotidiennement depuis leur déplacement par les forces de l’ordre des abords des jardins d’Eole vers un square à la frontière du 19e arrondissement et des villes de Pantin et Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, en septembre dernier.
Alors qu’un nouveau transfert vers le 12e arrondissement a été avorté en fin de semaine dernière en raison de l’opposition de la mairie de Paris, une réunion a eu lieu ce mardi pour tenter de mettre un terme à la situation. Autour de la table, les préfectures de région et de police, l’agence régionale de santé, le Parquet, la mairie de Paris et la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives).
70 nouvelles places d'hébergement d'urgence
"Depuis septembre dernier, la mobilisation des services de l’Etat, avec l’appui du secteur associatif, a permis d’enregistrer d’importantes avancées en termes de prise en charge médico-sociale et sociale des consommateurs de crack", assure la préfecture d'Ile-de-France, dans un communiqué publié ce mardi conjointement avec l'ARS.
Les maraudes ont notamment été renforcées ces dernières semaines. Néanmoins, les services de l'Etat ont indiqué vouloir faire mieux pour s'assurer de la mise à l'abri urgente de ces personnes.
De nouvelles mesures ont donc été annoncées, notamment l'ouverture de 70 nouvelles places d’hébergement d’urgence. Un diagnostic social sera réalisé dans les prochains jours pour évaluer les profils des personnes dans le besoin. De plus, un appel d'offre est à venir pour la mise en place de lits médicalisés.
Les riverains souhaitent un calendrier
Une bonne nouvelle pour les riverains de la Porte de la Villette qui dénoncent l'insécurité du quartier depuis plusieurs mois. C'est le cas de Dominique, qui n'ose plus se balader à pied. "En règle générale je suis en voiture ou en vélo, sinon je n'y passe pas" explique la membre du collectif anti crack 93.
Si elle se dit satisfaite des mesures annoncées par la préfecture, elle déplore l'absence d'un calendrier précis. "Ça peut être fait dans un mois comme ça peut être fait dans 10 ans. Qu'on nous dise "nous sommes aujourd'hui le 1er février, voilà ce qui va se passer le 15 février, voilà ce qui va se passer le 1er mars (...) et le 30 mars c'est fini il n'y a plus rien. C'est ça qu'il faut dire", regrette la riveraine au micro de BFM Paris.
La mairie de Paris mitigée par les avancées
La mairie de Paris reconnaît également des avancées mais estime que la situation est loin d'être suffisante. "On a 150 personnes dehors. On a besoin d'un accompagnement psychiatrique, de structure ad hoc, y compris de nuit (...) il va falloir encore beaucoup de travail", juge Anne Souyris, adjointe à la mairie de Paris, en charge de la santé.
De son côté, la préfecture explique que l’ensemble des actions "a été engagé à l’initiative des services de l’Etat" qui restent à l’écoute "de toute proposition complémentaire qui pourrait être effectuée par la Ville de Paris en termes de lieux possibles d’implantation de structures de prise en charge, notamment d’espaces de repos".
Un bus de l’ARS restera mobilisé pour assurer des maraudes, comme c’est déjà le cas depuis septembre. Néanmoins pour les élus de Pantin et d'Aubervilliers, l'agence régionale de santé doit aller plus vite dans ses démarches pour éviter un énième déplacement des consommateurs de crack.