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Crack à Paris: ce que l'on sait du terrain de la SNCF où vont être installés les toxicomanes

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Les toxicomanes vont être déplacés dans le 12e arrondissement de Paris a annoncé la préfecture de police ce mardi. La SNCF met à disposition un terrain "éloigné des quartiers résidentiels, commerçants ou des nœuds de transport". Un lieu qui ne fait déjà pas l'unanimité.

Quatre mois après avoir été délogés des abords des jardins d'Eole vers la Porte de la Villette, les toxicomanes vont de nouveau être déplacés, cette fois-ci dans le 12e arrondissement de la capitale. Dans un communiqué de presse diffusé ce mardi soir, la préfecture de police dit avoir obtenu le prêt d'un nouveau terrain, mis à disposition par la SNCF.

"À la demande du ministre de l'Intérieur, la SNCF donne son accord pour mettre à disposition un terrain à Paris 12e, susceptible d'accueillir les usagers de crack afin de les éloigner de quartiers résidentiels" du 19e arrondissement, détaille la préfecture.

Quel est cet endroit?

Ce nouveau lieu, situé "à l’intersection de deux faisceaux ferroviaires et du boulevard Poniatowski", n'a pas été choisi au hasard. La parcelle du 12e arrondissement, localisée près du périphérique, répond aux critères fixés par les autorités.

La préfecture cherchait un endroit éloigné des quartiers résidentiels et commerçants, aux noeuds de transports mais accessible aux services sanitaires et sociaux. L'objectif est que l'accompagnement médical et social qui avaient été mis en place à la Porte de la Villette, puisse y être déployé.

La parcelle située "à l’intersection de deux faisceaux ferroviaires et du boulevard Poniatowski", accueillera les toxicomanes.
La parcelle située "à l’intersection de deux faisceaux ferroviaires et du boulevard Poniatowski", accueillera les toxicomanes. © BFM Paris

La préfecture de police indique que les usagers de crack pourront être orientés vers cet endroit, une fois que des travaux seront faits, notamment pour installer une clôture de sécurité.

Sur place, les équipes de BFM Paris ont pu constater que le premier immeuble d'habitation est situé à environ 700 mètres du terrain proposé par la SNCF. Les premiers commerces sont eux situés à environ un kilomètre, à la Porte de Charenton.

Vers un bras de fer avec la mairie de Paris

C'est un véritable bras de fer qui se dessine entre la préfecture de police et la mairie de Paris, car pour cette dernière, cette opération ne représente pas une solution durable et efficace ni pour les riverains ni pour les toxicomanes et ne fait que déplacer le problème.

"C'est toujours le même système, c'est-à-dire, qu'au lieu de soigner, au lieu de prendre en charge et de trouver une solution pérenne et ben on les transfère. C'est de pire en pire, c'est inadmissible comme politique" critique Anne Souyris, adjointe à la mairie de Paris en charge de la santé, au micro de BFM Paris.

La maire du 12e a de son côté qualifié d'"inhumain", "le transfert forcé de populations fragilisées dans un environnement inconnu derrière une 'clôture sécurisée"'.

Regroupés entre Porte de la Villette et la Seine-Saint-Denis depuis septembre, le départ annoncé des toxicomanes laisse perplexe les associations de riverains. "On peut de notre côté se réjouir si on les voit partir parce que ça devenait invivable, mais c'est pour pénaliser peut-être d'autres riverains" regrette Stéphanie Benoist, porte-parole du collectif 93 anti-crack.

De son côté Emmanuel Grégoire, le premier adjoint à la maire de Paris, a demandé une réunion en urgence du "plan crack" avec le préfet de police, le préfet de région et l'Agence Régionale de Santé.

Clémence Renard et Alicia Foricher