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Paris Île-de-France

Ce que l'on sait des menaces de mort proférées contre un enseignant d'un lycée privé des Yvelines

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Un professeur de mathématiques de l'établissement privé scolaire catholique Blanche de Castille situé au Chesnay-Rocquencourt a déposé plainte après avoir été menacé de mort sur Instagram. L'élève a été placé en garde à vue et une enquête a été ouverte.

Un enseignant de l'établissement privé scolaire catholique Blanche de Castille situé au Chesnay-Rocquencourt (Yvelines) a été menacé de mort par un élève dans une publication Instagram samedi 16 décembre.

• "Je vais l'agresser et le battre à mort"

Dans ce message, dans lequel figurait la photo du professeur de mathématiques, les menaces écrites en anglais faisaient état de la volonté de tuer cet enseignant. "C'est un putain d'intello que personne n'aime", "je vais l'agresser et le battre à mort", a écrit l'auteur, âgé de 16 ans, qui se présente comme l'un des élèves du professeur.

C'est la police qui a averti le professeur concerné concernant ce message de menaces. Ce dernier a indiqué reconnaître le nom de l'élève en question, scolarisé en classe de terminale, mais a précisé qu'il n'avait aucun conflit avec lui à sa connaissance.

Il a décrit un adolescent au "comportement isolé" qui fait l'objet de nombreuses absences en cours.

• L'adolescent placé en garde à vue, une enquête ouverte

Le professeur visé par ces menaces a déposé une plainte dimanche 17 décembre auprès du commissariat de Versailles.

De son côté, l'élève, né le 20 décembre 2006 et soupçonné d'être l'auteur du message, a été interpellé dans l'après-midi à et placé en garde à vue dans ce même commissariat. Ce lundi 18 décembre, cette garde à vue est toujours en cours. Elle pourra être éventuellement prolongée de 24 heures dans l'après-midi ou prendre fin.

Selon les informations de BFMTV, l'adolescent est inconnu des services de police et de renseignement. Face à ces menaces, le parquet de Versailles a ouvert une enquête

• Une cellule de soutien psychologique mise en place dans l'établissement

La direction de l'établissement privé catholique Blanche de Castille a "réaffirmé son soutien à l'ensemble des enseignants" dans un communiqué de presse publié ce dimanche.

Elle écrit être en "relation étroite avec les autorités compétentes" et "salue leur réactivité".

L'élève concerné par la plainte n'est "plus autorisé à accéder à l'établissement scolaire" et ce "jusqu'à nouvel ordre" ajoute la direction.

Une cellule de crise et de soutien psychologique a été mise en place pour l'ensemble de la communauté scolaire.

• Un professeur "très apprécié" des élèves

Au lendemain du placement en garde à vue de l'élève, décrit comme "isolé", "solitaire", la stupeur règne au lycée catholique Blanche de Castille. Paul, un élève qui connaît bien le professeur visé, évoque au micro de BFMTV un enseignant "très apprécié".

"C'est un professeur que tout le monde aime bien, qui aime son métier, le temps passé avec les élèves et qui aime transmettre", précise l'adolescent.

Selon lui, les élèves ont été "très choqués" par les menaces émises à l'encontre de ce professeur de mathématiques. "Ça aurait pu arriver à n'importe qui, mais lui en particulier, c'est déboussolant", ajoute-t-il auprès de BFMTV.

"Il y a eu des menaces qui vont au-delà de la menace de mort, des menaces de tortures. On se dit comment c'est possible d'avoir ce genre d'idées en 2023", poursuit-il.

Désormais, Paul explique que tous les élèves ont "besoin de se retrouver avec le corps enseignant pour calmer la situation".

• "L'élève n'a pas mesuré la gravité" des propos

"Il n'y avait absolument aucun signal d'alerte, pas de différend" entre l'élève et le professeur, a indiqué ce lundi le maire du Chesnay-Rocquencourt, Richard Delepierre, sur BFMTV.

"Tout laisse à penser que l'on est sur des écrits qui ont dépassé la pensée de l'élève qui n'a pas mesuré la gravité de ce que signifiait aujourd'hui de poster ce genre de propos sur les réseaux sociaux", poursuit-il.

De son côté, Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France a témoigné son soutien au professeur et envers l'équipe enseignante.

"Soutien au professeur de mathématiques du Lycée Blanche de Castille du Chesnay menacé de mort par un élève, et à toute l’équipe éducative", écrit-elle sur X (ex-Twitter). L'ex candidate LR à l'élection présidentielle a salué "la réactivité de la police" et a indiqué vouloir "des sanctions exemplaires".

• La communauté éducative "cible de menace" une nouvelle fois

Au sein de la communauté éducative, l'inquiétude règne aussi. "On sent, depuis plusieurs mois et plusieurs années, qu'il y a une véritable tension autour de l'école et ses personnels", regrette Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du syndicat enseignant SNES-FSU et professeure de SES, au micro de BFMTV.

Selon la représentante, de nombreux enseignants font part de la difficulté du métier. "On a vu monter ces dernières semaines des menaces de tous ordres et on a de plus en plus de collègues qui disent que c'est compliqué d'être enseignant aujourd'hui parce que l'on sent qu'on peut être la cible de certaines menaces", grince-t-elle.

Et d'ajouter: "Les professeurs peuvent être la cible de menaces diverses et variées et de possibles passages à l'acte". On a l'impression que c'est devenu acceptable dans la société".

La semaine dernière, une collégienne de 12 ans a été interpellée à Rennes en possession d'un couteau. Cette dernière avait menacé de s'en prendre à sa professeure d'anglais.

Martin Regley Journaliste