"Blackface" dans un lycée privé à la Ferté-sous-Jouarre: le maire affirme que les élèves voulaient "combattre le racisme"

La polémique enfle au lycée catholique privé Sainte-Céline de La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne) depuis les révélations du journal Libération. Ce mercredi 13 mars, nos confrères ont diffusé des photos de trois élèves aux visages grimés de noir lors d’un carnaval organisé au sein de l’établissement scolaire le 7 mars dernier. Des faits pour lesquels l’académie de Créteil a annoncé avoir saisi le procureur de la République.
"Dénoncer le racisme"
Ce jeudi 14 mars, Ugo Pezzetta, maire de La Ferté-sous-Jouarre, invité de BFM Paris Île-de-France, s’est exprimé sur la polémique. L’élu, qui s’est entretenu avec deux familles, a livré la version délivrée par les lycéens mis en cause. Selon Ugo Pezzetta, l'établissement avait donné son accord aux lycéens avant le carnaval.
"Ces jeunes ont proposé à l’établissement scolaire, qui a donné son accord, de se déguiser pour certains en guerrier Massaï et pour d’autres en caricature, je dirais, française d’une époque", détaille le maire.
Ces trois lycéens sont "d’origines très différentes, à la fois pour certains du Maghreb, d’autres d’Afrique, d’autres de France", poursuit Ugo Pezzetta. Ils auraient expliqué au maire avoir "décidé de se déguiser, de caricaturer leur origine respective, mais évidemment d’échanger les blancs déguisés en Maasaï et ceux d’origines africaines caricaturés avec la baguette sous le bras et le béret."
Les Massaï sont une tribu d’éleveurs et de guerriers semi-nomades d’Afrique de l’Est. Selon le site African fabrics stories, les Massaï portent le Shuka, un tissu qu’ils enroulent autour de leur corps et retiennent à l'aide d'une ceinture. Les lycéens ont eux été aperçus "avec des lances en bois et de longues robes", a rapporté une élève à Libération.
Ugo Pezzetta affirme, auprès de BFM Paris Île-de-France et après avoir échangé avec les principaux intéressés, que ces jeunes "avaient décidé de faire ça pour montrer que malgré leurs différences et leurs origines, ils étaient amis et qu’ils vivaient ensemble". En se grimant de noir, les lycéens auraient eu pour volonté de "dénoncer le racisme", affirme le maire.
Des cris de singes entendus par les élèves et parents
Ugo Pezzetta s’est également exprimé au sujet des cris de singes, entendus et signalés auprès de Libération par une élève.
"Les faits qui sont rapportés par les réseaux sociaux ne sont pas tout à fait exacts et ne sont pas conformes aux retours que je peux avoir des différentes personnes qui étaient sur place mais également d’amis et de membres de la famille de ces trois jeunes qui se sont déguisés le jour du carnaval", affirme le maire de La Ferté-sous-Jouarre.
Si "personne ne conteste qu’ils étaient peints en noir et déguisés en guerrier Massaï, appuie le maire, "il n'apparaît pas exact que les cris de singes aient été véritablement entendus alors j’aimerais beaucoup avoir des sons de ces cris s’ils ont été proférés."
Parents et enfants ont pourtant rapporté ces cris entendus au carnaval du lycée privé. "Ce n’est pas du tout la version que je peux avoir en locale", martèle le maire de La Ferté-sous-Jouarre.
Ugo Pezzetta tient néanmoins à préciser "que le racisme ne peut pas être banalisé, mais il ne doit pas non plus être utilisé". Et d’ajouter: "je condamne tout acte de racisme et si ces cris de singes ont été proférés, c’est absolument inadmissible, intolérable et ça doit être condamné."
Des lycéens "bouleversés et menacés"
Le maire de La Ferté-sous-Jouarre a souhaité lancé un appel au calme après les faits. Selon l’édile, les lycéens concernés "sont bouleversés et aujourd’hui menacés". La protection aux abords du lycée va être renforcée "pour essayer de les protéger de toute attaque extérieure", conclut le maire.
Après la diffusion des photos, le Conseil représentatif des associations noires (Cran) a déposé plainte contre X pour "injures publiques à caractère racial, provocation publique à la haine raciale, discrimination", a indiqué à l'AFP Me Alex Ursulet, un des avocats de la fédération d'associations.
"Nous sommes profondément désolés et regrettons vivement que ces déguisements aient pu heurter ou blesser des familles, a réagi le diocèse de Seine-et-Marne dans un communiqué ce jeudi. "Des échanges d'ailleurs ont pu se dérouler avec elles soit dans le cadre d'entretiens, soit par courrier, pour leur exprimer notre compéhension et pour préciser la situation".