Attentat contre des policiers à Colombes en 2020: Youssef Tihlah condamné à 24 ans de réclusion

Des policiers sur le site de l'attentat contre deux policiers à Colombes, dans les Hauts-de-Seine, le 27 avril 2020 - FRANCK FIFE © 2019 AFP
La cour d'assises spéciale de Paris a condamné vendredi Youssef Tihlah à 24 ans de réclusion, assortis de la sûreté aux deux tiers, pour l'attaque à la voiture-bélier à Colombes (Hauts-de-Seine) en avril 2020, dans laquelle deux policiers avaient été grièvement blessés.
Jugé depuis lundi pour tentatives d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste, l'assaillant encourait la perpétuité, a rappelé le président de la cour, Jean-Christophe Hullin.
Mais "nous estimons que la situation (de l'accusé) n'est pas complètement désespérée", a fait valoir le magistrat.
30 ans de réclusion avaient été requis
L'avocate générale Marine Valentin avait requis plus tôt dans la journée 30 ans de réclusion, dont une période de sûreté de 20 ans, "au regard de la gravité des faits commis" et de la personnalité de Youssef Tihlah, 33 ans.
Le 27 avril 2020, en plein confinement dû au Covid-19 et en période de ramadan, cet homme avait repéré depuis sa voiture des policiers sur le chemin d'une boulangerie à Colombes, ville située au nord-ouest de Paris.
Il avait alors décidé de passer une nouvelle fois dans la rue et foncé sur eux à pleine vitesse, percutant deux motards de la police nationale en train de contrôler un véhicule.
Dans sa voiture, une lettre de revendication et d'allégeance au groupe jihadiste État islamique, écrite au dos d'une attestation de déplacement dérogatoire, et deux couteaux avaient été retrouvés. L'un d'eux avait été acheté quelques jours avant les faits, ce qui corrobore selon les enquêteurs la thèse d'un projet mûrement préparé.
"La dimension symbolique de son acte"
Dans son réquisitoire, la représentante du parquet a insisté sur "l'intention" de l'assaillant "d'inscrire son attaque dans une dimension terroriste", soulignant qu'il avait adopté une "rhétorique jihadiste" jusqu'au "dernier jour de l'audience".
"Plus d'un an après, il (Youssef Tihlah, NDLR) était toujours incapable de condamner des faits terroristes (...). Il se considère comme un combattant qui a combattu des soldats", a-t-elle estimé.
L'avocate générale a relevé que Youssef Tihlah avait agi "pendant le ramadan pour renforcer la dimension symbolique de son acte (...) et contre des policiers parce qu'ils sont des symboles de la République".
Elle a par ailleurs rappelé la lettre écrite par l'accusé en prison à Inès Madani, condamnée à 30 ans de réclusion pour avoir tenté de commettre un attentat aux bonbonnes de gaz en 2016 à Paris. "Il lui disait qu'il l'admirait, et qu'il voulait échanger avec elle", a souligné Marine Valentin.