Amiante dans le métro: un ouvrier réclame 300.000 euros de dommages et intérêts

La ligne 4 du métro parisien à la station Denfert-Rochereau. - BFMTV
Un salarié qui a travaillé plus de 20 ans à la rénovation du métro parisien a réclamé ce vendredi 300.000 euros d'indemnités à un sous-traitant de la RATP devant le conseil des prud'hommes de Créteil (Val-de-Marne), affirmant avoir été exposé à l'amiante sans protection a appris l'AFP.
Une information judiciaire ouverte
Pascal (prénom modifié) a demandé à la société ERI 200.000 euros de dommages et intérêts pour non-respect des obligations de sécurité et 100.000 euros pour préjudice d'anxiété, a indiqué son avocate, Maitre Leïla Messaoudi. Parallèlement à sa procédure devant les prudhommes, cet ouvrier de 39 ans a porté plainte au pénal.
Une information judiciaire est ouverte au pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris depuis le 12 octobre pour mise en danger d'autrui et emploi de travailleur dont l'activité l'expose aux rayonnements ionisants sans évaluation des risques conforme ni respect des règles de prévention.
Un risque de cancer ou de maladie incurable
Pascal affirme avoir travaillé peu ou prou sans équipement de protection respiratoire pendant 20 ans et n'avoir été informé que fin 2015 de la présence d'amiante dans les réseaux électriques du métro qu'il démantelait.
Malgré l'apparition cette année-là du "risque amiante" sur sa fiche de poste, l'équipement de protection complet reste, selon lui, rarissime et aucune mesure de confinement des zones sous travaux n'est mise en place.
Il "sait qu'il va déclarer d'ici quelques années un cancer ou une maladie incurable: il vit avec ça", a souligné Maitre Leïla Messaoudi à la sortie de l'audience.
"Quand on va au travail, c'est pour vivre, c'est pour subvenir à ses besoins, ce n'est pas pour y mourir".
Embauché chez ERI en 2001 et en arrêt de travail depuis 2020, Pascal a aussi demandé la résiliation judiciaire de son contrat.
Une décision rendue le 8 septembre prochain
La société ERI a rejeté ces demandes, parlant d'"allégations mensongères" et réfutant tout manquement aux obligations de sécurité. "Les salariés ont été formés et informés du risque amiante", a insisté Maitre Kate Gonzalez au nom de l'entreprise.
ERI a fourni tous les équipements de protection aux ouvriers, notamment contre le bruit, et les travaux de désamiantage étaient effectués avant l'intervention de Pascal et de ses collègues, a assuré Me Gonzalez. "Nous n'avons jamais eu d'alerte" sur un risque d'exposition à l'amiante "de la part de Pascal ou de ses collègues", a-t-elle insisté. En accusant ERI, Pascal "cherche par tous les moyens à quitter" son emploi, selon l'avocate.
Les prud'hommes rendront leur décision le 8 septembre prochain.