Ouragan José: Saint-Martin et Saint-Barthélemy placées en alerte violette

Saint-Martin - Brian Blanco / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
Saint-Martin et Saint-Barthélemy ont été placées en vigilance cyclone violette ce samedi à l'occasion du passage de l'ouragan José. Il s'agit de l'alerte maximale qui impose le confinement. Dévastées par le passage d'Irma, les deux îles étaient déjà engagées ce samedi dans une course contre la montre avant l'arrivée de l'ouragan José, qui va interrompre le travail des secours.
La population est appelée par la préfecture "à ne sortir sous aucun prétexte", souligne Météo-France. L'ouragan José devrait occasionner des rafales de vents de l'ordre de 100 km/heure, pouvant monter à 120 km/h. De fortes pluies sont attendues. Des vagues puissantes sont anticipées.
José, rehaussé en niveau 4, devrait commencer à affecter vers 18h, heure de Paris, les deux îles jusqu'à dimanche à 12h. Il doit passer à 100 km au nord de Saint-Martin, déjà détruite à 95% par Irma, qui a touché Cuba ce samedi et doit atteindre dimanche la Floride. Le passage de deux ouragans "aussi puissants" au même moment sur l'Atlantique est "sans précédent connu", selon Météo-France.
"Des vagues puissantes avec des creux de 6 à 8 mètres, de fortes pluies orageuses et des rafales de vents allant jusqu'à 130 km/h" sont attendues, contre plus de 300 km/h pour Irma.
Interruption des liaisons aériennes et maritimes
Une nouvelle épreuve pour les habitants, déjà sous le choc. À l'aéroport de Gustavia (Saint-Barth), certains patientaient des heures dans l'espoir d'évacuer, non sans tensions. Les derniers départs ont eu lieu samedi matin. Toutes les liaisons aériennes et maritimes vont s'interrompre avec le nouvel ouragan. "Une rotation de 2 avions, peut-être 3" était encore prévue avec Saint-Martin juste avant son arrivée.
Priorité était donnée aux femmes et aux enfants. "Les hommes restent mais les femmes raccompagnent les enfants en métropole, ou au moins sur un lieu sûr en Guadeloupe", selon une infirmière à l'aéroport de Grand-Case à Saint-Martin. Neuf abris capables d'abriter "1.600 personnes" sont prévus à Saint-Martin, selon la ministre des Outre-mer Annick Girardin, qui va rester dans l'île pendant l'ouragan.
"Notre défi c'est zéro mort pendant José"
Mais les gens manquent d'information et certains, rassemblés à l'aéroport, demandent aux secouristes ou gendarmes la localisation des abris. "Nous sommes là pour veiller à ce que tout le monde ait un abri samedi avant midi (18 h à Paris)", a ajouté la ministre. "Notre défi c'est zéro mort pendant José", a dit une source de sécurité.
Dans l'île jonchée de détritus, morceaux de tôles, murets ou poubelles pourraient devenir des projectiles dangereux. Les autorités comptent attendre que José passe pour distribuer eau et nourriture. En attendant, "3.000 rations alimentaires ont été distribuées" et "100.000 le seront", a indiqué ce samedi Jacques Witkowski, directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC).
"Il nous reste 12 bouteilles d'eau, pour trois, pour se laver et boire" alors qu'il fait "une chaleur torride", a témoigné au téléphone Olivier Toussaint, habitant de Saint-Barth, calfeutré. Il a mis du scotch sur ses vitres au cas où elles exploseraient, ses volets anticycloniques ayant été détruit par Irma.
Un gros porteur A400M, avec un hélicoptère à bord, est attendu à 19H00 (heure de Paris) à Fort-de-France. Un navire de la Marine va être déployé avec un hôpital flottant et une station de désalinisation sera "aérotransportée". "La préfecture a bien fait son travail avant l'ouragan, mais maintenant je suis en colère après Paris et sa gestion de crise. On voit des militaires qui sont là, mais ils n'ont pas de matériel", a déploré un capitaine de la sécurité civile de 50 ans.
Problèmes de sécurité
Sur l'île, entre pillage et rumeurs d'évacuation, "on n'arrive pas à sécuriser tous les points", a dit vendredi le major Mertz, détaché à Marigot. Le chaos profite aux pilleurs qui ont dévalisé des magasins. Jusqu'alors, il y a eu 11 interpellations, selon les gendarmes.
La présidente du FN, Marine Le Pen, a dénoncé des moyens "tout à fait insuffisants", évoquant des insulaires "obligés d'organiser leur propre défense". "Il est préférable de travailler que de polémiquer", a répondu le Premier ministre Édouard Philippe.
Selon le ministère de l'Intérieur, 410 gendarmes, 80 policiers, 300 sapeurs-pompiers, 139 ingénieurs et techniciens et une trentaine de personnels de santé, ont été déployés sur les deux îles. Une interdiction de circulation s'apparentant à un couvre-feu a été instaurée à Saint-Martin entre 19H00 et 07H00 jusqu'à mercredi. Un premier coût des dommages a été évalué samedi à 1,2 milliard d'euros par la Caisse centrale de réassurance (CCR).