L'été 2022 sera-t-il vraiment le plus frais des vingt prochaines années?

C'est une affirmation qui a fait couler beaucoup d'encre, et qui mérite quelques précisions. Invitée de France Inter mardi 30 août, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher affirmait que l'été 2022 serait "probablement le plus frais que vous allez vivre dans les 20 prochaines années".
Alertant sur une situation environnementale qui devrait s'aggraver dans le futur si rien n'est fait d'ici-là, la ministre pourrait cependant faire une erreur de lecture avec cette phrase, selon le climatologue Jean Jouzel, invité de BFMTV ce jeudi.
"Ce ne sera pas le plus frais des 20 prochaines années, c’est une erreur je crois qui a été reprise. Il est évident que nous aurons au cours des 20 prochaines années beaucoup d'étés plus frais que 2022, ou tout à fait normaux", estime-t-il, tout en affirmant que "ces étés chauds, très chauds, vont devenir de plus en plus fréquents."
Une tendance vers la chaleur qui tend à se "prolonger" donc selon Jean Jouzel, et qui laisse effectivement présager que "vers 2040-2050, l’été 2022 deviendra la norme, un été moyen, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aura pas d'été plus frais d'ici là".
Une évolution non linéaire
En effet, l'été 2022, deuxième été le plus chaud en France après celui de 2003, pourrait même être à l'avenir considéré en termes de chaleur comme la "borne inférieure", propos tenus sur franceinfo cette semaine par Jean-Marc Jancovici, président du groupe de réflexion "The Shift project".
Car les étés devraient bien être de plus en plus chauds selon les prévisions de Météo France, et des températures battant toujours plus de records pourraient être recensées. En revanche, l'évolution des prochains étés ne sera pas linéaire, comme l'explique sur Twitter Guillaume Séchet, journaliste météo pour BFMTV.
Il est donc faux d'estimer comme Agnès Panier-Runacher, que la fraîcheur de "l'été 2020, vous ne le retrouverez pas". À l'avenir, des étés plus frais, et considérés comme "normaux" pourraient parfaitement exister. Ce qui n'enlève rien aux prévisions très inquiétantes des experts sur l'influence du dérèglement climatique.