"La voiture était sur le point de s'envoler": le récit des évacués des campings corses

Jeudi, au milieu des bungalows et des palmiers, ce sont des camions de transport de troupes de la Légion étrangère qui parcouraient les allées des campings corses. Leur objectif? Évacuer les vacanciers non-véhiculés, afin de les diriger vers des centres d'hébergement d'urgence pour passer la nuit en sécurité, après les violents orages qui ont balayé l'île dans la matinée de jeudi et pour lesquels une vigilance orange très tardive a été émise.
"Ce sont des mesures de sécurité et c'est important de le faire. On pense qu'on va être bien pris en charge", expliquait alors une vacancière.
Les campeurs sous le choc
Après les violents orages qui ont causé la mort de cinq personnes, décision a en effet été prise par les préfectures de Corse-du-Sud et de Haute-Corse d'évacuer de nombreux campings de l'île face au possible retour des perturbations dans la soirée.
À Calvi, où des bourrasques à près de 200 km/h ont été enregistrées, les campeurs étaient encore sous le choc de ce dont ils ont été témoins avant leur évacuation.
"La voiture tremblait énormément, elle était sur le point de s'envoler, il y avait des énormes vents", confesse un vacancier. "Les tentes gigotaient comme pas possible", abonde un autre.
Les gymnases et écoles transformés en abris pour la nuit
Ces campeurs évacués ont tous pris la route du centre-ville, où la municipalité a mis à disposition des gymnases et des écoles maternelles. Dans un immense complexe sportif, des lits de camp ont été dépliés. Mais face à l'afflux de personnes à prendre en charge dans le même lieu - 1100 - certains se sont retrouvés à dormir à même le sol, parfois dans le couloir.
"La nuit a été très difficile dans le complexe car il y a beaucoup de monde. La mairie de Calvi nous a mis à disposition ce complexe, car dormir dans les mobil-homes avec les conditions annoncées, c'était compliqué", explique Julien au micro de BFMTV. "On va essayer de positiver. Après, le beau temps revient, donc on va essayer de continuer nos vacances", continue-t-il.
Pour David Jeanpetit, directeur du centre sportif de Calvi, transformé en immense campement, "au vu des dégâts qui sont à dénombrer, des pertes humaines, du volume de personnes qu'il a fallu abriter en un temps record", les intempéries de jeudi sont historiques à bien des égards.
Des rescapés de la mer au milieu des campeurs
Certains sont restés éveillés toute la nuit, comme Grégory Clément, vacancier également sur l'Île de Beauté mais qui n'a pas été évacué. Ce matin, malgré une activité orageuse encore bien présente au-dessus de la mer, le temps est "très calme", assure-t-il.
Plus au sud, à Ajaccio, un autre complexe sportif a été mobilisé pour accueillir des campeurs, qui n'ont parfois même pas eu le temps de s'installer. "On est arrivé au camping des Mimosas, et vers 16h30 on nous a annoncé qu'on était évacué dans un gymnase", relate un père de famille accompagné de ses trois enfants.
"On s'est installé au camping, on a tout fait sécher cet après-midi, et puis on a tout replié. On a eu un petit peu peur, les tentes qui s'envolaient, les branches qui nous tombaient dessus", relate une autre rescapée.
Au milieu des campeurs, des rescapés de la mer dont l'embarcation a été détruite jeudi matin sont aussi présents. "On a fait un point d'accueil avec du chaud, de quoi se restaurer, et on a de quoi soigner avec un point de secours et tout le matériel nécessaire pour gérer les urgences", assure Marie-Ange Perny, cheffe de poste de la protection civile actuellement déployée à Ajaccio.
Ce vendredi, la Corse doit rester en vigilance orange orages et pluie-inondation jusqu'à 10 heures au moins, avant de repasser en vigilance jaune. C'est à ce moment que les rescapés pourront potentiellement regagner leur camping.