Vague de chaleur: boire trop d'eau, est-ce possible?

Le 17/06/2022 à 14:23

Un verre en train de se remplir d'eau du robinet. (Photo d'illustration) - Anne-Chrisitine Poujoulat - AFP

La consommation abusive d'eau, dans des quantités que ne peuvent éliminer naturellement les reins, peut entraîner des troubles cognitifs, voir dans de rares cas, la mort.

Depuis l'arrivée de la vague de chaleur qui va entraîner localement des pics à 42 degrés samedi, les pouvoirs publics se relaient, et à juste titre, pour marteler l'importance de s'hydrater convenablement durant cette période de fortes températures. "Hydratez-vous", a ainsi enjoint jeudi la Première ministre Élisabeth Borne sur Twitter. "Buvez de l'eau", a appuyé Santé Publique France.

Par forte chaleur, il est en effet plus que recommandé de boire, même lorsque l'on n'a pas soif. Au minimum 1,5 litre par jour, au maximum 2,5 litres.

Car il existe bien une quantité maximale d'eau que le corps humain peut supporter. Au-delà, les conséquences peuvent être graves, et déboucher sur une hyponatrémie, une anomalie biologique modifiant le niveau de sodium dans le sang, pouvant entraîner des troubles neurologiques, voir la mort.

Une baisse du niveau de sodium dans le sang

Les reins humains ne peuvent éliminer plus de 0.8-1L par heure. Au-delà, la quantité d'eau dans le sang augmente, ce qui vient diluer le niveau de sodium qui y est présent. Or, ce minéral est indispensable au bon fonctionnement du corps humain. Il permet de maintenir l'équilibre des fluides à l'intérieur et à l'extérieur des cellules.

Quand le taux de sodium chute du fait d'une consommation excessive d'eau, les fluides se mettent à se déplacer de l'extérieur vers l'intérieur des cellules, entraînant leur gonflement. Pour qu'une hyponatrémie soit caractérisée, il faut que le taux de sodium descende en dessous de 135 millimoles par litre de sang.

"En cas de consommation excessive d’eau, la concentration en sel dans le sang diminue (sodium) en raison d’une augmentation du volume sanguin. Le liquide du sang pénètre alors dans les tissus environnants (par exemple les cellules du cerveau) et provoque un gonflement. En cas d’œdème cérébral, le risque de décès est bien présent", écrit le centre antipoison belge.

Ce phénomène de gonflement des cellules est particulièrement dangereux dans le cerveau. Il débouche sur une augmentation de la pression dans la boîte crânienne. Les premiers symptômes sont alors des maux de tête, des nausées, des vomissements... En cas d'intoxication à l'eau plus grave, une faiblesse musculaire peut se manifester, mais également une vision dédoublée.

Lorsque l'eau présente dans le cerveau augmente de manière trop importante, cela peut entraîner dans de rares cas un œdème cérébral, pouvant déboucher sur le décès du patient. En cas d'intoxication à l'eau, il est recommandé aux personnes malades de diminuer fortement leur hydratation. En cas de symptômes plus grave, une hospitalisation devient inévitable.

3 à 4 litres sur une courte période: danger

Reste à savoir quelle quantité d'eau est nécessaire pour causer une hyponatrémie. Bien que le seuil critique diffère d'une personne à l'autre, c'est avant tout la durée dans laquelle cette consommation excessive s'inscrit qui est à surveiller. Plus l'on s'hydrate en grande quantité rapidement, moins les reins ont le temps d'éliminer naturellement l'eau par l'urine. Et plus les risques d'hyponatrémie augmentent.

Une consommation oscillant entre 3 à 4 litres sur une heure peut ainsi se révéler dangereuse. L'âge peut également être un facteur de risque. Selon une étude publiée en 2003 dans le Journal de chimie clinique, le docteur Robert C. Hawkins écrit: "un âge grandissant est un fort élément à risque à la fois pour l'hyponatrémie et l'hypernatrémie (l'opposée d'une consommation excessive d'eau, quand le taux de sodium dans le sang est trop élevé lié à la déshydratation, ndlr)".