AVANT/APRÈS - A quoi ressemblait Paris lors de la crue de 1910?

À Paris, chaque nouvelle crue est comparée à celle de 1910, devenue l’étalon de référence en matière de risque d’inondations. Après un été pluvieux et deux semaines de fortes précipitations, le niveau d'eau à la station de Paris-Austerlitz atteint 8,62 mètres le 28 janvier 1910. Une situation exceptionnel, et, rassurez-vous, très rare: une telle crue n'a qu’une chance sur 100 de se produire chaque hiver. Il faut remonter en effet à 1740 pour trouver la trace d'un autre épisode de crue centenaire dans la capitale.
Comment était la vie dans la capitale lors de cette crue historique, dont on se souvient encore plus d’un siècle après? Nous nous sommes plongés dans les archives de la ville de Paris pour imaginer ce que donnerait une nouvelle crue de cette ampleur aujourd'hui. Glissez le curseur pour passer de l'inondation de 1910 à nos jours.
Le pont de Sully au maximum de la crue
Le pont des Arts interdit à la circulation
L’eau n’a pas été assez forte pour emporter les ponts de Paris, qui ont continué à assurer la liaison entre les deux rives de la ville. Seul le pont des Arts a été fermé à cause de sa fragilité.
Le pont des Arts au maximum de la crue
De l'eau jusqu’à Saint-Lazare
Les eaux de la Seine ont submergé de nombreux quartiers de la capitale, atteignant même le quartier de la gare Saint-Lazare, pourtant éloigné de 2 km de la Seine. Pour stopper l'écoulement de l'eau, les habitants ont improvisé des barrages à l'aide de sacs de ciment.
Le quartier de Saint-Lazare inondé (2km de la Seine)
Le transport ferroviaire bloqué par les eaux
La crue de 1910 a fortement perturbé le trafic des tramways et métros. Les gares d’Austerlitz et d’Orsay (aujourd’hui devenu un musée), ont été inondées. L'eau a atteint 80 centimètres dans la gare d’Austerlitz et 33 centimètres dans celle d’Orsay. De plus, les infiltrations d’eaux, notamment dans l’usine d'électricité de Tolbiac, ont provoqué des coupures de courant dans toute la région.
L'ancienne gare d'Orsay inondée
Barques et passerelles pour se déplacer
Les pompiers ont fabriqué des passerelles en bois pour se déplacer dans les rues de Paris inondées, où l’eau arrivait parfois jusqu’aux genoux. Plusieurs quartiers disposaient de ce type d’embarcadères de fortune, pour assurer le ravitaillement des populations à l’aide de barques ou de radeaux. Plusieurs ouvriers s’improvisent bateliers.
Une passerelle pour traverser l'esplanade des Invalides
La ville de Paris mettra deux mois pour reprendre un fonctionnement normal. Après la décrue, plusieurs voûtes d’égouts s’effondrent, des habitations s’écroulent et de nombreux axes routiers n'ont plus de pavés. Pendant toute la durée de la crue, les ordures ménagères ont été jetées directement dans la Seine, obligeant la ville à démarrer un long travail d’assainissement. On estime aujourd’hui les dégâts de l'époque à plus de 17 milliards d’euros.