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Vive tension à Bangkok, une grenade fait 11 blessés

Les opposants au gouvernement thaïlandais retranchés dans le quartier commerçant de Bangkok consolidaient lundi leurs positions, après des rumeurs d'une attaque de l'armée à l'aube qui n'a finalement pas eu lieu. /Photo prise le 26 avril 2010/REUTERS/Vive

Les opposants au gouvernement thaïlandais retranchés dans le quartier commerçant de Bangkok consolidaient lundi leurs positions, après des rumeurs d'une attaque de l'armée à l'aube qui n'a finalement pas eu lieu. /Photo prise le 26 avril 2010/REUTERS/Vive - -

La tension entre opposants au gouvernement thaïlandais et forces de sécurité reste vive ce lundi à Bangkok, où l'explosion...

par Ambika Ahuja

BANGKOK (Reuters) - Les manifestations et blocus organisés lundi en province, ainsi qu'une attaque à la grenade près du domicile d'un homme politique dimanche soir, ont accru les risques d'un conflit civil en Thaïlande.

Fait rare, le roi Bhumibhol Adulyadej est apparu à la télévision nationale à l'occasion d'une cérémonie d'installation de magistrats, mais il n'a fait aucune déclaration sur la situation politique du pays.

Le monarque, qui est âgé de 82 ans et a fait un long séjour à l'hôpital ces derniers mois, s'était employé à résoudre certaines crises par le passé, comme en 1992, mais il s'est jusqu'à présent abstenu d'évoquer la crise actuelle.

Dans le quartier commerçant de Bangkok, les "chemises rouges" ont consolidé leurs positions et appelé leurs partisans, dans les provinces du Nord, à bloquer les convois de policiers et de militaires pour les empêcher d'affluer vers la capitale.

L'espoir d'une fin de la crise politique qui paralyse Bangkok depuis sept semaines s'est évanoui durant le week-end, avec le rejet par le Premier ministre, Abhisit Vejjajiva, d'une proposition des manifestants portant sur la tenue d'élections législatives dans un délai de trois mois.

En outre, une grenade a été lancée dimanche soir contre un poste de police proche du domicile de Banharn Silapa-Archa, conseiller en chef du parti Chart Thai Pattana. L'attaque, selon un centre médical, a fait au moins 11 blessés.

Les "chemises rouges", opposants issus en majorité des milieux ruraux et des quartiers ouvriers des villes, ont répondu à l'appel à la résistance de leurs dirigeants en installant une demi-douzaine de blocus dans leurs bastions du nord et du nord-est du pays.

L'armée a répliqué lundi en distribuant une liste de personnes impliquées, selon les autorités, dans un réseau visant à saper la monarchie. Sur celle-ci figure le nom de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, qui vit aujourd'hui au Monténégro et dont se revendiquent les "chemises rouges". Thaksin a dit lundi être en contact avec ses partisans en Thaïlande.

LES "CHEMISES JAUNES" MENACENT D'INTERVENIR

Des centaines de "chemises rouges" occupent des barrages routiers aux abords de Bangkok.

A Phitsanulok dans le nord du pays, 150 policiers anti-émeutes ont chargé une barricade, après avoir essuyé des jets de bouteilles et de pierres.

Dans la province de Pathum Thani, dans la banlieue nord de Bangkok, plusieurs centaines de "chemises rouges", débordés par des soldats et policiers supérieurs en nombre, ont renoncé à leur blocus. Une vingtaine d'opposants ont été arrêtés.

Les chefs des "chemises rouges" disent avoir déjoué une intervention militaire contre leurs retranchements, dans le centre de Bangkok, grâce à un afflux de leurs partisans.

Le chef des forces armées a dit à plusieurs reprises qu'une intervention ferait plus de mal que de bien.

Toute opération visant à déloger les "chemises rouges" risque de se solder par de lourdes pertes et de propager les violences aux quartiers chic de la ville, qui se vident lentement de leurs habitants et leurs employés.

"Le gouvernement ne peut se permettre de nouveaux échecs et embarras et il sera difficile d'intervenir et de disperser les manifestants barricadés dans un petit périmètre sans qu'il y ait de lourdes pertes", estime Prinya Thewanaruemitkul, professeur de droit à l'université Thammasat.

"Les deux camps vont continuer de se menacer, mais il est difficile d'imaginer, à court terme, que l'un ou l'autre puisse remporter une victoire totale", ajoute ce professeur.

Les violences en Thaïlande ont fait 26 morts et des centaines de blessés depuis le début du mouvement.

Le ressentiment envers les "chemises rouges" se fait de plus en plus sentir à Bangkok. Les "chemises jaunes", des militants royalistes qui avaient fait tomber le gouvernement Thaksin en 2008, disent qu'ils remettront à Abhisit et au chef de l'armée jeudi une lettre demandant la dispersion des "chemises rouges".

"Il y a maintenant un Etat dans l'Etat. C'est l'anarchie et le gouvernement doit faire quelque chose pour y mettre fin", a déclaré Suriyasai Katasila, l'un des leaders du mouvement.

Les "chemises jaunes", connues pour avoir fait le siège du bureau de Thaksin pendant trois mois et bloqué les aéroports de Bangkok pendant huit jours en 2008, ont menacé d'intervenir de manière non spécifiée si le gouvernement ne mettait pas fin à l'occupation de leurs rivaux.

La crise politique commence à peser sur l'économie. La prévision de croissance de 4,5% pour 2010 pourrait être rabaissée de 0,64 point si les manifestations antigouvernementales devaient durer trois mois, a déclaré un porte-parole du gouvernement.

Avec Viparat Jantraprap et Sukree Sukplang, Gregory Schwartz, Clément Dossin et Eric Faye pour le service français, édité par Gilles Trequesser