Violences conjugales: en Espagne, le bracelet électronique porte ses fruits
La mesure a été votée en France il y a quelques semaines et doit être mise en place à partir de 2020 pour lutter contre les violences conjugales. En Espagne, le bracelet électronique visant à éloigner les ex-conjoints violents a été instauré il y a maintenant dix ans. Et cette méthode a fait ses preuves puisqu'aucune femme ne bénéficiant du dispositif n'a été tuée depuis le début de son utilisation.
Lidia Gracia, qui a été harcelée pendant des mois par son ancien compagnon qui ne supportait pas la rupture, fait partie des 1350 femmes espagnoles à être protégées par ce bracelet anti-rapprochement.
"Je bénéficie d'une mesure d'éloignement de 500 mètres, et il ne peut pas non plus venir dans la ville où je réside", explique cette habitante de la région de Madrid.
"On sait où il se trouve à n'importe quel moment"
Son agresseur porte un bracelet électronique depuis trois ans. L'objet est relié à un boitier que Lidia a en permanence sur elle et emmène partout où elle va.
"On sait où il se trouve à n'importe quel moment, et aussi où je suis moi. Donc s'il s'approche de moi, une alarme se met à sonner et il est écrit 'agresseur près d'ici'. La police est appelée automatiquement et intervient tout de suite", assure la jeune femme, qui n'a plus jamais été agressée par son ex-conjoint depuis qu'il porte un bracelet.
Malgré le bon fonctionnement, des "effets pervers"
Si Lidia est rassurée par la protection dont elle bénéficie, l'ancienne victime de violences conjugales souligne les limites de ce dispositif.
"L'effet pervers, c'est qu'ils utilisent le dispositif pour te rappeler qu'ils sont là. Ils éloignent trop le boitier du bracelet ou ne le chargent pas et l'appareil a une seule sonnerie pour tous les cas de figures. (...) Mais la première chose à laquelle tu penses, c'est: 'Mon agresseur est juste derrière moi'."
Les associations féministes espagnoles réclament ainsi des améliorations techniques au bracelet anti-rapprochement existant et soulignent la nécessité de mieux prendre en compte la charge psychologique du dispositif. "C'est quelque chose qui introduit de l'incertitude dans la vie de la victime. (...) Donc il faut avoir des services parallèles pour assurer un accompagnement", selon Marisa Soleta Avila, directrice de la Fundacion Mujeres, une ONG espagnole de défense de l'égalité entre les hommes et les femmes.
Un dispositif voté et adopté en France
En France, la proposition de loi Les Républicains sur les violences faites aux femmes, prévoyant notamment la mise en place du bracelet anti-rapprochement, a été adoptée le 15 octobre à la quasi-unanimité par l’Assemblée nationale. Un espoir dans la lutte contre les féminicides, alors que sont rendues aujourd'hui les conclusions du Grenelle sur les violences conjugales.
Déjà 131 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint depuis le début de l'année 2019 en France. La dernière d'entre elle est morte dimanche dans le Bas-Rhin, sous les yeux de sa fille après avoir été poignardée par son compagnon. Elle avait déjà déposé une main courante et une plainte pour des faits de violences contre lui.