Une enquête journalistique met en lumière un réseau international de torture de singes

Un singe photographié dans un par de Tokyo, le 7 octobre 2021 (PHOTO D'ILLUSTRATION) - Charly Triballeau - AFP
Des images particulièrement sadiques. Une enquête menée par la BBC publiée ce mardi révèle l'existence d'un large réseau international de torture de singes. Le concept: des clients, basés notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni, paient des personnes en Indonésie pour qu'ils torturent des primates dans des vidéos.
Les journalistes ont ainsi infiltré ces canaux via les réseaux sociaux, découvrant des centaines de personnes qui se réunissent pour trouver de nouvelles idées toujours plus odieuses pour s'en prendre aux singes puis demander à d'autres personnes en Asie de les mettre en œuvre.
"Mains couvertes de sang"
Le réseau de torture a d'abord commencé sur YouTube, avant de passer à des groupes privés sur l'application de messagerie cryptée Telegram. La BBC a pu échanger avec celui qu'on nomme "The Torture King" (le roi de la torture), un des distributeurs principaux de ce type de vidéos.
"Ils avaient mis en place un sondage", a-t-il déclaré en racontant sa première expérience sur un groupe Telegram de torture. "Voulez-vous un marteau? Voulez-vous des pinces? Voulez-vous un tournevis? La vidéo qui en a résulté était la chose la plus grotesque que je n'ai jamais vue", a-t-il détaillé.
"Ce n'est pas différent de l'argent de la drogue", soutient-il. "L'argent de la drogue vient de mains sales, cet argent vient de mains couvertes de sang".
Les contenus diffusés comprennent des centaines de vidéos où l'on voit de petits singes être giflés, frappés contre des murs ou soumis à d'autres expériences violentes.
Enquêtes ouvertes
Selon la BBC, la police poursuit actuellement les acheteurs et plusieurs arrestations ont déjà eu lieu. Au moins 20 personnes font actuellement l'objet d'une enquête au niveau mondial dont The Torture King. Les instigateurs des vidéos risquent jusqu'à sept ans de prison.
De son côté, la justice indonésienne a annoncé avoir arrêté deux personnes accusées de commettre les actes de torture. Ils ont été condamnés à trois ans et huis mois de prison.
"Toute personne impliquée dans l'achat ou la distribution des vidéos de torture de singes doit s'attendre à ce qu'on frappe à sa porte à un moment ou à un autre", a déclaré l'agent en charge des investigations.
"Vous ne vous en tirerez pas comme ça".
En effet, les organismes de protection des animaux demandent à ce qu'en plus des producteurs de vidéos et des vendeurs, les personnes payant pour ce genre de contenu, notamment s'ils fournissent une liste d'actes à faire subir à l'animal, soient également passibles de poursuites.
Telegram veut protéger "la liberté d'expression"
"Nous avons assisté à une escalade de ces contenus extrêmes, qui étaient auparavant cachés mais qui circulent désormais ouvertement sur des plateformes comme Facebook", a affirmé auprès de la BBC Sarah Kite, cofondatrice de l'association caritative Action for Primates.
Selon le quotidien britannique, les vidéos de torture de singes sont toujours facilement accessibles sur Telegram et Facebook, où des dizaines de groupes - certains comptant plus de mille membres - partagent ces contenus violents.
Facebook a indiqué qu'il avait supprimé les groupes portés à son attention. "Nous n'autorisons pas la promotion de la maltraitance des animaux sur nos plateformes et nous supprimons ces contenus lorsque nous en prenons connaissance, comme nous l'avons fait dans ce cas", a déclaré un porte-parole.
YouTube soutient également travailler "dur pour supprimer rapidement les contenus violents".
De son côté, la direction de Telegram a, elle, déclaré qu'elle s'engageait à protéger la vie privée des utilisateurs et les droits de l'homme tels que la liberté d'expression, ajoutant que ses modérateurs ne pouvaient pas patrouiller de manière proactive dans les groupes de discussion privés.