Syrie: l'ONU adopte à l'unanimité une résolution soutenant un plan de paix

Réunies ce vendredi à New York pour discuter d'un éventuel plan de paix en Syrie, les grandes puissances sont tombées d'accord sur un projet de résolution. Le texte, adopté ce vendredi à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'ONU, envisage des négociations de paix entre le pouvoir syrien et l'opposition à partir de "début janvier".
La résolution demande à l'ONU de convoquer des "négociations formelles sur un processus de transition politique de manière urgente, avec pour objectif de commencer ces discussions au début janvier 2016". Ce texte "envoie un message clair à tous pour dire qu'il est temps de mettre fin aux tueries en Syrie", a affirmé John Kerry. Il s'est dit "sans illusions" sur la difficulté de la tâche mais a salué un "degré d'unité sans précédent" des grandes puissances.
La France veut des "garanties" sur le départ d'Assad
Dans un nouvel effort pour mettre fin à un conflit qui a fait plus de 250.000 morts et des millions de réfugiés en quatre ans et demi, le Conseil de sécurité a demandé au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon de "réunir des représentants du gouvernement syrien et de l'opposition afin qu'ils entament d'urgence des négociations formelles sur un processus de transition politique".
La France a demandé après le vote "des garanties" sur le départ du président syrien Bachar al-Assad, estimant qu'il s'imposait "pour des raisons non seulement morales mais aussi d'efficacité".
"Comment un homme pourrait-il rassembler un peuple qu'il a en grande partie contribué à massacrer", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.
Discussions "difficiles"
Dix-sept ministres des Affaires étrangères s'étaient réunis dans la matinée dans un grand hôtel de New York, à l'invitation du secrétaire d'Etat américain John Kerry, du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et de l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura.
Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier avait peu avant évoqué des discussions "difficiles". "Ceux qui sont réunis autour de cette table sont ceux dont nous avons besoin pour arriver à un accord, mais en même temps, ceux qui sont venus viennent avec des positions différentes dans ce conflit syrien. C'est ce qui rend les discussions difficiles", a-t-il déclaré.
La rencontre de vendredi est la troisième depuis fin octobre au sein du Groupe international de soutien à la Syrie, dans le cadre du processus diplomatique de Vienne qui a établi en novembre une feuille de route pour la Syrie. Sont représentés Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Oman, Liban, Jordanie, Chine, Egypte, Allemagne, Iran, Irak et Italie, ainsi qu'ONU, UE, OCI et Ligue arabe.
L'opposition syrienne veut plus de temps
La feuille de route de Vienne prévoit une rencontre à compter du 1er janvier entre représentants de l'opposition et du régime de Damas, un gouvernement de transition dans les six mois, des élections dans les 18 mois et un projet de cessez-le-feu après quatre ans et demi de conflit.
Mais la principale coalition de l'opposition syrienne a estimé vendredi que l'objectif de parvenir à un cessez-le-feu début janvier n'était pas réaliste. Najib Ghadbian, représentant à l'ONU de la Coalition nationale syrienne, a demandé "à peu près un mois" pour préparer les pourparlers de paix, qui se tiendraient en parallèle au cessez-le-feu, a-t-il dit.
La Coalition a également demandé que la Russie cesse ses bombardements, dans le cadre du cessez-le-feu. "Les attaques russes continuent de viser tout le monde et n'importe qui, sauf l'EI", a affirmé Najib Ghadbian.
Le sort de Bachar al-Assad, principal obstacle
Le sort du président Bachar al-Assad demeure le principal obstacle à une sortie de crise. Le président Obama a réaffirmé vendredi que Bachar al-Assad devait partir, mais la veille, le porte-parole du département d'Etat John Kirby, avait précisé que son sort ne figurerait pas dans le communiqué final de New York vendredi soir: "Nous ne sommes pas encore prêts (...) à un engagement par écrit sur des paramètres précis", avait-il dit.
Ryad a réuni la semaine dernière une centaine de groupes d'opposants syriens qui ont accepté de négocier avec le régime de Damas, tout en exigeant le départ de Bachar al-Assad dès le début d'une éventuelle période de transition politique. Ces opposants ont élu jeudi Riad Hijab, un ancien Premier ministre ayant fait défection, comme leur coordinateur général.
Factions armées
Autre point délicat, la liste des groupes "terroristes" à exclure du processus de paix. La Jordanie a annoncé vendredi à New York qu'elle avait présenté une "matrice" reflétant les différentes positions des 17 pays du Groupe de soutien, qui ont soumis des listes différentes des factions armées qu'ils jugent terroristes sur le terrain, et son ministre des Affaires étrangères Nasser Judeh a évoqué des réunions de suivi.
Vendredi, le président français François Hollande a assuré que la lucrative contrebande de pétrole organisée depuis la Syrie par l'EI avait été "largement réduite", à l'issue d'un Conseil européen à Bruxelles.