Quelles seraient les conséquences d'une indépendance de l'Ecosse?

Les drapeaux de l'Angleterre, du Royaume-Uni et de l'Ecosse. - Andy Buchanan - AFP
Le Royaume-Uni va-t-il se morceler? La question est dans toutes les têtes, ce jeudi, alors que quatre millions d'Ecossais sont appelés aux urnes pour se prononcer sur le "oui" ou le "non" à l'indépendance de leur pays. Les inquiétudes sont palpables, à Londres, depuis qu'un sondage, publié le 7 septembre, a placé pour la première fois le "oui" en tête, et que, selon les dernières enquêtes publiées mercredi, les deux camps sont au coude-à-coude. Une victoire des partisans de l'indépendance aurait l'effet d'un séisme pour le Royaume-Uni et son Premier ministre David Cameron, dont les jours à Downing Street pourraient être comptés. BFMTV.com fait le point sur les principales conséquences d'une éventuelle indépendance de l'Ecosse.
• Des frontières redessinées
Si l'Ecosse venait à sortir du giron britannique ce jeudi, cela représenterait une perte de 30% de son territoire pour le Royaume-Uni, et de 8,4% de sa population totale, l'Ecosse comptant 5,22 millions d'habitants. En cas de victoire du "oui", l'emblématique Union Jack, célèbre drapeau du Royaume-Uni, pourrait par conséquent perdre sa couleur bleue, représentant l'Ecosse. Les Britanniques ont d'ores et déjà tenté d'imaginer à quoi pourrait ressembler le futur étendard du pays.
• Une crise politique à venir?
Une victoire du "oui" coûterait très certainement sa place à David Cameron. Le Premier ministre subirait sans nul doute des pressions de toutes parts pour démissionner, de nombreux Britanniques lui reprochant d'avoir autorisé ce référendum. Dans une tentative pour enrayer la progression du "oui" in extremis, David Cameron doit publier, dès mardi, un plan de transfert de pouvoirs à Edimbourg, plan appuyé par les travaillistes qui militent également pour un maintien de l'Ecosse au sein du Royaume-Uni. La perspective d'une sécession de l'Ecosse ne ferait pas non plus les affaires des travaillistes dont 40 des 255 députés à la Chambre des communes sont écossais. La situation favoriserait donc l'extrême droite et le parti populiste Ukip.
• Un avenir incertain au sein de l'Union européenne
Si le Premier ministre écossais Alex Salmond veut que l'Ecosse adhère à l'UE en cas d'indépendance, il y a fort à parier que le lourd processus d'approbation par Bruxelles rendrait cette éventualité quasi-impossible. Mais cet argument de campagne sur l'adhésion européenne a fait mouche en Ecosse, au point de devenir décisif, à l'heure où David Cameron a promis d'organiser un référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE, en 2017.
• De lourdes répercussions économiques
Mais pour le Royaume-Uni, l'une des conséquences les plus graves d'une victoire du "oui" serait économique. Sans l'Ecosse, le pays serait en effet amputé d'une manne économique majeure: les réserves pétrolières situées en mer du Nord. En effet, 97% des réserves pétrolières du Royaume-Uni, ainsi que 56% de ses ressources gazières, se concentrent dans les eaux territoriales écossaises, et 20% du PIB de l'Union en dépend.
Autre question centrale: en gagnant son indépendance, l'Ecosse abandonnera-t-elle la livre sterling? Les indépendantistes, par la voix du Premier ministre écossais Alex Salmond, ont promis de conserver cette monnaie en cas de victoire et de mettre en place une union monétaire entre Edimbourg et Londres. Mais les partisans du "non" doutent qu'un tel scénario puisse être mis en place. L'instauration d'une nouvelle monnaie, propre à l'Ecosse, ne serait pas intéressante puisque son cours serait probablement très faible. Quant à une éventuelle adhésion à la zone euro, elle serait longue et compliquée.
• La fin du Royaume-Uni comme puissance internationale?
En cas de victoire du "oui", le Parti national écossais (SNP) a d'ores et déjà annoncé que les quatre sous-marins nucléaires britanniques stationnés dans la base écossaise de Faslane – l'une des trois bases navales opérationnelles de la Royal Navy – devraient lever l'ancre d'ici 2020. Le coût de leur déplacement, estimé à 10 milliards d'euros alors même que le budget de l'armée subit une cure d'austérité, et la complexité de l'opération pourraient, selon certains experts, contraindre le Royaume-Uni à rouvrir le débat sur la nécessité de disposer d'une force de dissuasion nucléaire.
En cas d'abandon, la place du pays sur la scène internationale pourrait être sérieusement réévaluée. A l'image de la France, le poids diplomatique du Royaume-Uni est conforté par son statut de puissance nucléaire. Par ailleurs, l'Ecosse abrite une base aérienne et 10.000 soldats. Enfin, en cas d'indépendance, l'Ecosse devra aussi déterminer quelle sera sa place au niveau international, en choisissant de devenir ou non membre d'organisations, comme les Nations unies ou l'Otan.