Percée eurosceptique en Italie: "Il n'est pas question de sortir de l'Europe"

Pascale Joannin, directrice générale de la Fondation Robert Schuman - Capture d'écran BFMTV
Les forces anti-système, eurosceptiques et d'extrême droite ont effectué une percée historique en Italie: le Mouvement 5 Etoiles (M5S, populiste) est devenu le premier parti du pays avec 32% des voix, tandis que la coalition formée par le Forza Italia (FI, droite) de Silvio Berlusconi et la Ligue de Matteo Salvini (extrême droite) obtiendrait elle 37%.
Interrogée sur le plateau de BFMTV ce lundi 5 mars sur les conséquences de ces résultats sur l'avenir de l'Union européenne, Pascale Joannin, directrice générale de la Fondation Robert Schuman, Think tank sur l'Europe, a assuré que l'Europe allait "faire face à cela".
"Ce n'est pas à chaque fois qu'il y a des partis anti-européens qui gagnent, jusqu'à preuve du contraire l'année dernière ils n'ont gagné ni aux Pays-Bas, ni en France, ni en Allemagne", a-t-elle précisé, rappelant que dans un premier temps l'Italie devra s'entendre sur une majorité.
"Ils n'envisagent pas de sortir de l'UE comme les Britanniques"
"L'Europe en tant que telle va faire face à ça, il y a déjà eu d'autres partis qui sont arrivés qui étaient un peu anti-système, on pense à la Grèce, alors là c'était l'extrême gauche, bon en effet il y a eu des troubles, des manifestations, mais aujourd'hui la Grèce va sortir du programme d'aide, et ils ne sont pas sortis de l'Union européenne, ni sortis de l'euro", a souligné Pascale Joannin.
La directrice de la Fondation Robert Schuman estime également que, dans leurs programmes respectifs, le Mouvement 5 Etoiles et la Ligue de Matteo Salvini "ont mis beaucoup d'eau dans leur vin" en ce qui concerne le "caractère anti-européen" de leurs propositions.
"Ils sont contre l'Europe, mais ils n'envisagent pas de sortir comme les Britanniques, pour l'instant il n'y a que les Britanniques qui ont franchi le pas", poursuit-elle.
Ce lundi, le porte-parole de la Commission européenne s'est limité à faire savoir sa "confiance" dans la capacité de l'Italie à "former un gouvernement stable". Certains spécialistes craignent tout de même que l'Italie soit absente des grandes décisions européennes à l'heure où la France et l'Allemagne espèrent réformer l'Union. "On risque d'avoir un pays en sourdine pendant quelque temps, peut-être quelques années, qui ne pourra pas peser sur les grandes orientations de l'Europe à un moment déterminant pour son avenir", s'inquiète ainsi auprès de l'AFP Sébastien Maillard, directeur de l'institut Jacques Delors.