BFMTV
International

Nouvelle-Zélande: un député maori expulsé du Parlement pour refus du port de la cravate

Le co-chef du parti maori néo-zélandais Rawiri Waititi s'adresse aux médias à Wellington après avoir été expulsé du parlement pour avoir refusé de porter une cravate, portant à la place un hei-tiki, un pendentif traditionnel de pierres précieuses, le 9 février 2021.

Le co-chef du parti maori néo-zélandais Rawiri Waititi s'adresse aux médias à Wellington après avoir été expulsé du parlement pour avoir refusé de porter une cravate, portant à la place un hei-tiki, un pendentif traditionnel de pierres précieuses, le 9 février 2021. - TVNZ - AFP

Rawiri Waititi, qui a un tatouage traditionnel maori sur tout le visage, a qualifié la cravate "de noeud colonial". Il s'est défendu en affirmant porter une tenue traditionnelle maori pour ce type de fonction.

Le Parlement de Nouvelle-Zélande a fait marche arrière ce mercredi, au lendemain de l'expulsion d'un législateur maori qui refusait de porter une cravate, et l'a finalement autorisé à prendre la parole sans cet accessoire qu'il qualifiait "de noeud colonial".

Expulsé de l'hémicycle

Le problème a surgi mardi quand ce co-dirigeant du parti maori a été expulsé de l'hémicycle pour ne pas porter la tenue requise lors de la séance des questions.

Rawiri Waititi, qui a un tatouage traditionnel maori ou Ta moko sur tout le visage et porte un chapeau noir de cowboy, s'est défendu en affirmant porter une tenue traditionnelle maori pour ce type de fonction.

"Il ne s'agit pas de cravate mais d'identité culturelle", a lancé en quittant l'hémicycle le parlementaire, qui voit dans cet accessoire "un noeud colonial".

"C'est une violation des droits des peuples indigènes"

La population maorie représente environ 15% des cinq millions d'habitants de la Nouvelle-Zélande. Elle est la plus défavorisée du pays, avec des taux de pauvreté, de chômage et d'incarcération supérieurs à ceux de la moyenne de la population. Pour beaucoup de Maoris, ces injustices remontent à l'époque où la Nouvelle-Zélande était une colonie britannique.

Rawiri Waititi a affirmé que la question du port de la cravate était révélatrice des relations inter-raciales qui doivent encore s'améliorer dans ce pays du Pacifique Sud.

"C'est une violation des droits des peuples indigènes, nous (devons) avoir la liberté d'exprimer notre identité culturelle dans un espace comme celui-ci", a-t-il affirmé.

Un changement de la règlementation envisagé

La Première ministre Jacinda Ardern a dit ne voir aucune objection au non-port de la cravate par les parlementaires. "Il y a des questions beaucoup plus importantes pour nous tous", a-t-elle souligné.

Après avoir strictement appliqué le code vestimentaire mardi, le président du Parlement, Trevor Mallard, s'est montré beaucoup moins strict ce mercredi lors de la prise de parole de Rawiri Waititi, qui ne portait toujours pas de cravate. Au lieu de l'expulser, Trevor Mallard l'a simplement laissé poser une question, affirmant plus tard qu'un changement de la règlementation était envisagé.

Rawiri Waititi a été élu au Parlement pour la première fois l'an passé. Dans son premier discours, il avait raconté comment un de ses ancêtres avait été pendu à tort par les Britanniques pour meurtre.

S.B.-E. avec AFP