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Turquie

Selon Amnesty, la Turquie expulse vers leur pays d'origine des réfugiés

Des migrants - Image d'illustration

Des migrants - Image d'illustration - Robert Atanasovski-AFP

La Turquie a arrêté, maltraité et expulsé vers leur pays d'origine nombre de réfugiés syriens et irakiens depuis septembre, a accusé mercredi Amnesty International dans un rapport publié à la veille d'un nouveau sommet sur la crise migratoire à Bruxelles.

"En parallèle aux discussions sur les migrations entre l'UE et la Turquie", le gouvernement d'Ankara a interpellé et placé en détention "de très nombreux, peut-être des centaines de réfugiés et demandeurs d'asile", écrit l'ONG.

"Enchaînés, battus et transportés de force"

Les autorités turques ont immédiatement démenti ces allégations. "Nous nions catégoriquement que des réfugiés syriens ont été forcés de retourner en Syrie", a réagi un responsable turc, assurant que la politique de "porte ouverte" adoptée depuis le début du conflit syrien restait de mise.

"Certains (réfugiés) ont rapporté avoir été enchaînés, battus et transportés de force dans le pays qu'ils avaient fui", ajoute Amnesty sur la foi de nombreux témoignages, dénonçant une "violation directe du droit international". "Lorsqu'ils vous passent des chaînes aux mains et aux jambes, vous avez l'impression d'être un esclave", a ainsi déclaré à l'ONG un Syrien âgé de 40 ans.

2.5 millions de réfugiés sur le sol turc

Ankara s'enorgueillit d'accueillir sur son sol 2,5 millions de réfugiés syriens et irakiens. Depuis la signature le mois dernier d'un accord avec Bruxelles prévoyant une aide financière européenne de 3 milliards d'euros en échange d'un contrôle accru de ses frontières la Turquie a interpellé des milliers de candidats à l'exil.

"En engageant la Turquie comme gardienne de l'Europe dans la crise des réfugiés, l'UE risque d'ignorer et désormais d'encourager de graves violations des droits de l'homme", a déclaré John Dalhuisen, responsable d'Amnesty pour l'Europe et l'Asie centrale. "La coopération entre l'UE et la Turquie sur les migrants doit cesser jusqu'à ce que ces violations fassent l'objet d'enquêtes et cessent", a-t-il ajouté.

Amnesty affirme que des responsables européens lui ont confirmé que les six "centres de réception" que l'UE envisage de financer en Turquie seraient des centres de détention. Une porte-parole de la Commission européenne, Maja Kocijancic, a indiqué que le rapport d'Amnesty était "en cours d'examen". "Ce rapport fera l'objet d'un examen attentif et des consultations nécessaires avec les autorités turques", a-t-elle dit.

A.-F. L. avec AFP