Migrants: la Turquie n'est pas un "camp de concentration", affirme le Premier ministre Davutoglu

Angela Merkel, la chancelière allemande et Ahmet Davutoglu, premier ministre turc - 18 octobre 2015 - - Blent Kilic - AFP
Ce sont des mots qui ne laissent pas indifférent. La Turquie n'est pas un "camp de concentration" et refuse d'accueillir de façon permanente sur son sol les migrants dont l'Union européenne ne veut pas, a affirmé ce lundi le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu.
"Nous ne pouvons pas accepter un accord sur la base suivante: 'Donnez-nous de l'argent et ils restent en Turquie'. La Turquie n'est pas un camp de concentration", a déclaré le chef du gouvernement turc lors d'un entretien accordé à la chaîne de télévision A Haber, au lendemain d'un entretien à Istanbul avec la chancelière allemande Angela Merkel.
"Je l'ai dit à Merkel. Personne ne doit attendre de la Turquie qu'elle se transforme en un camp de concentration où resteraient tous les réfugiés", a-t-il insisté. "Mais l'immigration illégale doit être contrôlée", a ajouté le chef du gouvernement, "nous allons donc mettre en place des mécanismes conjoints".
Un "plan d'action" pour soutenir la Turquie
Bruxelles a annoncé jeudi dernier un "plan d'action" aux termes duquel Ankara s'engagerait à retenir sur son territoire les migrants, notamment syriens, qui veulent rallier l'Europe, en échange d'une libéralisation du régime des visas pour les citoyens turcs et d'un coup de pouce à la candidature d'Ankara à une entrée dans l'UE.
La Turquie, qui accueille déjà officiellement 2,2 millions de réfugiés syriens, a fait monter les enchères en qualifiant ce plan de simple "projet" et en jugeant le budget proposé par l'UE "inacceptable". "Nous avons parlé de 3 millions d'euros 'd'argent frais' mais ce n'est pas une somme définitive. Nos besoins (financiers) pourraient augmenter", a remarqué Ahmet Davutoglu.
Angela Merkel en pourparler à Istanbul
Lors de sa visite turque dimanche, Angela Merkel avait salué l'effort consenti par la Turquie pour l'accueil des réfugiés syriens et promis de "redynamiser" le processus de candidature turque à l'UE, au ralenti depuis de nombreuses années. "Les discussions en la matière sont très prometteuses et continueront", avait-elle dit après un entretien avec le président Recep Tayyip Erdogan.