Syrie: les coulisses de l'enfant de 4 ans retrouvé dans le désert

Marwan, le garçonnet dont la photo a énormément circulé sur les réseaux sociaux, a été séparé de sa famille dans le chaos de leur fuite vers la Jordanie. Celui qui l'a découvert raconte.

L'histoire s'est répandue comme une traînée de poudre à partir d'une photo, postée lundi soir sur Twitter par une journaliste de CNN, Hala Gorani. On y voit un garçonnet de 4 ans dans le désert jordanien, sac plastique à la main, entouré d'humanitaires.

"Marwan a été retrouvé traversant seul dans le désert, après avoir été séparé de sa famille", écrit la journaliste. Le message est retwitté plus de 8.000 fois sur Twitter, et de nombreux médias s'emparent de l'histoire, sans réellement connaître le contexte de ce cliché.

La photo a été postée originellement par Andrew Harper, membre du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de l'ONU, le 16 février dernier. On y lit la légende suivante: "Voici Marwan, 4 ans, séparé temporairement de sa famille, et aidé par le HCR pour traverser la Jordanie." L'humanitaire ne mentionne pas le fait que l'enfant soit seul. Stupéfait par la reprise inexacte de l'histoire derrière ce cliché, il s'est exprimé mardi sur Twitter.

Thanks to Jared 4 this shot showing Marwan at the back of this group of @refugees. He is separated - he is not alone. pic.twitter.com/vq2JpxjT8j
— Andrew Harper (@And_Harper) 18 Février 2014

Si l'enfant a effectivement été séparé de sa famille, il n'a jamais été abandonné seul dans le désert. Quand il a été aidé par les équipes du HCR, il faisait partie en réalité d'un "convoi" immense de réfugiés syriens, comme on peut le voir sur cette autre photo ci-dessus, prise par un membre du HCR. Il a d'ailleurs retrouvé sa maman depuis, selon Andrew Harper.

La véritable histoire du petit Marwan n'en reste pas moins émouvante et illustre une réalité terrible: celle de l'exode forcé de Syriens vers la Jordanie, pour fuir la guerre civile. Actuellement, ce pays voisin a accueilli près de 500.000 réfugiés, qui ont traversé le désert dans des conditions terribles.

D'ailleurs, l'humanitaire le reconnaît sur Twitter: "Dans la masse de réfugiés qui traversent" quotidiennement la frontière entre la Syrie et la Jordanie, "les personnes âgées, malades, les femmes enceintes et les enfants se retrouvent souvent à l'arrière".

A. G.