Assad affirme vouloir reconquérir toute la Syrie, quitte à mener de "longs combats"

Bachar al-Assad, le 11 février 2016, à Damas, en Syrie. - Joseph Eid - AFP
Bachar al-Assad est déterminé. A reprendre le contrôle de toute la Syrie d'abord, même s'il prévient que les combats contre les rebelles qui cherchent à le renverser depuis près de cinq ans pourraient être "longs". A rester en place aussi. Dans une interview accordée à l'AFP réalisée jeudi dans son bureau à Damas, le président syrien, au pouvoir depuis 2000, a rejeté les accusations de la communauté internationale de s'en prendre à sa population.
"Erdogan est quelqu'un d'intolérant et de radical"
Il s'agit de la première interview du leader syrien à un média depuis l'échec le mois dernier des pourparlers de Genève et le lancement par son armée au début du mois d'une vaste offensive militaire dans la région d'Alep (nord) appuyée par les bombardements de l'aviation russe.
Cette offensive a poussé des dizaines de milliers de Syriens à fuir les combats et à tenter de se réfugier en Turquie. Selon Bachar al-Assad, la "bataille principale" d'Alep dans le nord de la Syrie a pour but de "couper la route" entre cette province et la Turquie, qui constitue "la voie principale de ravitaillement des terroristes", a-t-il dit, en référence aux rebelles soutenus par la Turquie, l'Arabie saoudite et le Qatar. Bachar al-Assad n'a d'ailleurs pas écarté le risque d'une intervention militaire turque et saoudienne en Syrie mais a affirmé que ses forces y feraient face.
"C'est une possibilité que je ne peux pas exclure pour la simple raison que (le président turc Recep Tayyip) Erdogan est quelqu'un d'intolérant, de radical, un pro-Frères musulmans et qui vit le rêve ottoman (...)", a-t-il indiqué.
Pour Assad, c'est à l'Europe de créer les conditions de retour des réfugiés
Evoquant la crise des migrants -4 millions de Syriens ont fui leur pays depuis le début du conflit- le président syrien a affirmé que l'Europe devait créer les conditions pour aider au retour des réfugiés dans leur pays.
"Je vais appeler les gouvernements européens qui ont contribué directement à l'exode (des réfugiés syriens) en fournissant une couverture aux terroristes et en imposant un embargo à la Syrie, à aider au retour des Syriens chez eux", a-t-il dit.
Il a par ailleurs catégoriquement rejeté les accusations de l'ONU rendant son régime responsable de crimes de guerre, affirmant que la plupart des rapports des institutions des Nations unies étaient "politisés" et infondés.
Les enquêteurs de l'ONU sur la Syrie ont accusé lundi Damas d'"extermination" de détenus dans les prisons. "Les institutions onusiennes (...) sont essentiellement dominées par les puissances occidentales et la plupart de leurs rapports sont politisés" et "n'avancent pas de preuves", a-t-il soutenu. "C'est pourquoi je ne crains ni ces menaces ni ces allégations", a-t-il répondu, alors qu'il était interrogé sur ses craintes de devoir un jour rendre des comptes devant un tribunal international.
La France doit "changer de politique" en Syrie
Par ailleurs, Bachar al-Assad a appelé la France à "changer de politique" en Syrie afin de "combattre le terrorisme", estimant que ce n'était pas à son pays de faire "un geste envers" Paris pour améliorer les relations entre les deux pays.
Interrogé sur le départ de Laurent Fabius du poste de chef de la diplomatie française, le président syrien a déclaré que "le changement de personnalités (n'était) pas vraiment d'une grande importance" et que c'était "plutôt le changement de politique" qui (comptait).