Gaza: ce que l'on sait de l'assaut de l'armée israélienne sur un hôpital de Khan Younès

L'armée israélienne a annoncé jeudi 15 février mener une opération dans l'hôpital Nasser situé à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, et où auraient, selon elle, été retenus des otages du Hamas. L'offensive aurait fait au moins 4 morts, en raison de coupures d'oxygène, affirme ce vendredi le ministère de la Santé du Hamas. En décembre dernier, l'armée israélienne avait déjà visé un hôpital, Al-Shifa, dans la ville de Gaza.
• L'assaut du plus grand hôpital du sud de Gaza
L'armée israélienne a annoncé jeudi mener une "opération ciblée et limitée" dans l'hôpital Nasser, situé à Khan Younès. Il s'agit du plus grand hôpital du sud de Gaza.
Dans le cadre de cette "opération", elle affirme avoir interpellé plus de 20 suspects des attaques menées par le Hamas le 7 octobre dernier en Israël, ainsi que "des restes d'obus de mortiers, grenades et d'autres armes appartenant" au Hamas.
Pour l'armée israélienne, cette opération survient après des semaines d'intenses bombardements et d'affrontements avec les combattants du Hamas à Khan Younès, alors que les frappes israéliennes se concentrent désormais dans le sud de la bande de Gaza.
La ville de Khan Younès a largement été détruite, tandis qu'une offensive terrestre se prépare dans la ville de Rafah, dernier lieu de refuge pour de nombreux civils, à l'extrême sud de Gaza.

• Des otages retenus dans l'hôpital, selon Israël
L'armée israélienne a justifié son opération en évoquant "des renseignements crédibles" indiquant que le Hamas y a retenu des otages. Israël estime "qu'il y aurait peut-être des corps d'otages" encore sur place.
Un porte-parole du Hamas a nié de son côté cette version, parlant de "mensonges", selon Reuters. À plusieurs reprises déjà, Israël a accusé le groupe terroriste d'utiliser les hôpitaux pour dissimuler ses membres.
"Nous ne cherchons pas à faire du mal à des civils innocents. Nous cherchons à retrouver nos otages et à les ramener chez eux", a affirmé un porte-parole de l'armée israélienne.
• Des milliers de personnes évacuées, selon le Hamas
Selon le ministère de la Santé du Hamas, des milliers de personnes, dont des patients, ont été forcées de quitter l'hôpital, dans lequel s'étaient également réfugiés de nombreux civils fuyant les combats.
Cette version a cependant été démentie par l'armée israélienne. "Nous avons insisté sur le fait que les patients et le personnel n'étaient pas obligés d'évacuer l'hôpital", a affirmé jeudi le porte-parole de l'armée israélienne Daniel Hagari. L'armée a affirmé avoir ouvert un corridor pour permettre aux civils de quitter les lieux en sécurité.
Selon Associated Press, des vidéos prises par des médecins sur place montrent des Palestiniens en train d'évacuer les lieux, portant parfois des drapeaux blancs, signe de leurs intentions pacifiques.
Le mois dernier déjà, l'évacuation de l'hôpital avait été ordonnée par l'armée israélienne, mais le personnel soignant avait affirmé ne pas pouvoir quitter les lieux sans danger. Le ministère de la Santé du Hamas a assuré de son côté que des tireurs étaient placés près de l'établissement.
• L'ONU "alarmée"
La situation au sein de l'établissement de santé est aujourd'hui qualifiée de "catastrophique" par le ministère de la Santé du Hamas, qui a dit craindre pour la vie de patients en soins intensifs et de plusieurs nourrissons dans la maternité de l'hôpital, alors que les générateurs électriques qui leur fournissaient de l'oxygène ont arrêté de fonctionner.
Après cet assaut, le chef de l'Organisation mondiale pour la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, s'est dit mercredi 14 février "alarmé" par les informations lui revenant concernant cet hôpital qu'il qualifie "d'épine dorsale du système de santé dans le sud de Gaza".
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a de son côté affirmé sur X (anciennement Twitter) s'être vue refuser l'accès à l'hôpital ces derniers jours et dit avoir perdu le contact avec le personnel médical des lieux.
Médecins sans frontières a évoqué de son côté une "situation chaotique", après les bombardements survenus sur l'hôpital. L'organisation a dénoncé une "attaque" qui "met en danger le personnel de santé et les patients toujours bloqués dans l'enceinte de l'établissement".