Manifestations très inégales dans le monde musulman, les nationalismes transpercent

Le vendredi de la colère attendu dans le monde musulman n'a pas dégénéré en attaques contre les intérêts français. Chaque pays manifestant avec ses propres revendications.

Tant en Tunisie, qu'en Malaisie ou au Liban, les manifestations de toutes les angoisses de ce vendredi n'ont pas produit la grande casse imaginée un moment. Certes au Pakistan le sang a coulé, mais la France comme telle n'était pas vraiment visée. 

Le ministre Laurent Fabius a invité la presse à le voir dans la cellule de crise du Quai d'Orsay, où un équipe spéciale observait tous les pays d'où pouvaient surgir un sentiment anti-français. Pourtant le ministre n'avait pas constaté de danger majeur: "je me dois de prendre tout risque au sérieux", a-t-il dit. 

La réalité a coïncidé avec ses pensées, et la presse française a relayé ce fait: les hordes d'Arabes enragés ne se sont pas matérialisés. Quelques centaines, à peine quelques milliers, dans le monde arabe, pour lancer des projectiles contre une police présente, il est vrai, en grande force.

Deux exceptions cependant: le Liban du Hezbollah et le Pakistan aux petites formations islamistes ou salafistes ou djihadistes - bref on ne sait les nommer, tous ces groupuscules pakistanais.

Le Pakistan : une poudrière permanente

Justement au Pakistan, les manifestations violentes sont fréquentes. Les motifs: rejet de la corruption gouvernementale, rejet des attaques des drones américains contre des cibles au Pakistan, et en dernier lieu le film... tout juste si on évoquait Charlie Hebdo, l'attention tournant surtout autour du film. 

Mais les militants islamistes sont surexcités, et ont attaqué la police qui défendait les consulats américains, et ont attaqués des cinémas et des banques. Parce que "Innocence des Musulmans" est un film? Mais il n'a jamais été exploité en salle, et ne risquait pas de l'être à Peshawar, ville pachtoune où les Talibans sont très forts.

Enfin, au Liban les manifestations énormes et bien organisées du Hezbollah arboraient aussi des portraits de Bachar al-Assad! En Syrie, tant de manifestations populaires ont demandé que les musulmans du monde s'intéresse à leur rébellion davantage qu'à un obscur sous-film américain.

Et ce soir les Français font "ouf", les Musulmans ne sont pas si manipulables dans leur énorme majorité. Et puis n'y avait-il pas des milliers de Benghaziotes dans les rues pour exiger le départ des milices armées de leur ville? Ne boudons pas les bons signes.

Harold Hyman