Les Libyennes de l'Est interdites de voyage à l'étranger sauf si elles sont accompagnées d'un homme

Le général libyen Khalifa Haftar, maître de l'est syrien, en 2011 - Flickr
Les autorités parallèles qui contrôlent de vastes territoires dans l'est de la Libye ont décidé d'interdire aux femmes de moins de 60 ans de voyager à l'étranger seules, une décision critiquée par de nombreux Libyens.
Pour se rendre dans un autre pays, les femmes de moins de 60 ans devront être accompagnées d'un chaperon masculin, un "mohram". Selon la charia islamique, le "mohram" est le mari ou un homme adulte avec lequel une musulmane ne peut se marier tel qu'un père, un fils ou un frère.
"Nous devons gardons les yeux sur elle"
Cette décision n'est motivée ni par la religion ni par la politique, mais "pour la sécurité nationale de la Libye", a affirmé le général Abdelrazek al-Nadhouri, chef d'état-major des forces loyales aux autorités de l'Est et auteur de la mesure, a rapporté ce lundi l'agence de presse loyale à ces autorités non reconnues internationalement.
"Nous respectons la femme libyenne qui, tant qu'elle est sur le territoire libyen est totalement libre, mais dès qu'elle le quitte nous devons gardons les yeux sur elle", a-t-il encore précisé. "Nous avons eu connaissance de cas où des libyennes ont traité avec des services de renseignements étrangers."
"Je suis indigné face à cette insulte aux femmes"
Cette décision a suscité une vague de critiques sur les réseaux sociaux en Libye. "Nous sommes la majorité dans ce pays. Faut-il comprendre que plus la moitié de la population est prête à trahir la patrie?" a ironisé une chirurgienne libyenne sur Facebook. "Je suis indigné face à cette insulte aux femmes libyennes. Leur droit de voyager, garanti par Dieu, a été bafoué par la décision du général Nadhouri", a indiqué Salah al-Marghani, ancien ministre de la Justice sur Twitter. "Sommes-nous en train de dire aux femmes qu'elles peuvent se livrer à des activités d'espionnage tant qu'un mohram les accompagne?" a ironisé un autre internaute.
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, deux autorités politiques se disputent le pouvoir en Libye. Le gouvernement d'union nationale (GNA), exécutif soutenu par l'ONU est basé à Tripoli, et une autorité rivale qui contrôle une grande partie de l'Est libyen et s'appuie sur le Parlement élu installé à Tobrouk.